La facture salée du gaspillage alimentaire au Québec
Radio-Canada
Les supermarchés britanniques Waitrose ont annoncé lundi retirer les dates de consommation recommandée sur près de 500 produits afin de limiter le gaspillage alimentaire. Au Québec, où près de 1,2 million de tonnes d’aliments finissent chaque année à la poubelle plutôt que dans l’assiette, des acteurs de l’industrie agroalimentaire souhaitent eux aussi limiter les pertes de produits comestibles tout en exigeant « des balises » pour agir.
Ce qui finit gaspillé a un impact sur la planète qui aurait pu être épargné, résume sans ambages Anne Marie Aubert, coordonnatrice du Conseil du système alimentaire montréalais.
Le gaspillage alimentaire comprend notamment les restes de table, les aliments avariés et ceux dont la date de conservation est dépassée, selon la définition de Recyc-Québec, une société d'État chargée d’étudier les bonnes pratiques de recyclage.
Si les viandes et volailles constituent 13 % des aliments gaspillés, précise Mme Aubert, ils représentent 59 % des émissions de gaz à effet de serre. Il faut cibler ces aliments si notre objectif est de réduire l’impact environnemental, conseille l'experte en alimentation, en entrevue à ICI RDI.
Du côté du gaspillage généré par l’industrie elle-même, les entreprises sont peu motivées à mesurer, suivre et réduire leurs résidus alimentaires, conclut une vaste étude (Nouvelle fenêtre) de quantification des pertes et gaspillage alimentaires au Québec, publiée en juin.
Le rapport épingle l’attitude des entreprises qui souhaitent obtenir au moins un certain retour sur investissement, donc elles ne veulent pas jeter (ou donner) les aliments avant que leur durée de conservation soit minimale ou expirée, souvent sans préavis.
Cette approche commerciale complique la capacité des organisations à récupérer et à redistribuer les aliments comestibles, relève l’étude, qui alerte aussi sur le fait que les pertes et gaspillage alimentaires représentent des coûts économiques, environnementaux et sociaux énormes pour les individus et la société dans son ensemble.
Dans leur intérêt économique, les supermarchés et épiceries veillent à bien gérer leur inventaire pour éviter le gaspillage, défend à son tour Pierre-Alexandre Blouin, président-directeur général de l'Association des détaillants en alimentation du Québec.
M. Blouin demeure plus prudent quant à l’élimination des dates de consommation recommandée sur le modèle de Waitrose et d’autres enseignes britanniques, comme le géant du secteur Tesco, qui a supprimé les dates de consommation recommandée sur une centaine de produits dès 2018, ou plus récemment Marks and Spencer qui a fait de même sur 300 références.