
La diffusion de La parfaite victime a enfreint les normes de Radio-Canada
Radio-Canada
La diffusion du documentaire La parfaite victime, des journalistes Monic Néron et Émilie Perreault, le 7 décembre 2021 sur les ondes d'ICI Télé, a enfreint les normes et pratiques journalistiques (NPJ) de Radio-Canada en « ne prévenant pas les téléspectateurs d’erreurs de fait et en ne précisant pas qu’il s’agissait d’un documentaire d’opinion », a conclu l’ombudsman du diffuseur public, Pierre Champoux, dans une décision publiée lundi matin.
Depuis son lancement, le 30 juin 2021, le documentaire La parfaite victime a suscité un vif débat public sur les failles de la justice québécoise en matière d’agressions sexuelles, mais a aussi fait sursauter plusieurs personnes œuvrant dans le système judiciaire.
Des intervenants du milieu de la justice ont jugé que le documentaire dépeignait le système de façon trop négative, avec comme risque de décourager des victimes de porter plainte. Des erreurs dans certaines données et la participation d’un ex-avocat radié du Barreau au documentaire sont également mises en cause.
Me Michel LeBrun, président de l’Association québécoise des avocats et avocates de la défense (AQAAD), a écrit à l’ombudsman le 6 janvier dernier, au nom de l’AQAAD et de trois autres associations d’avocates et avocats de la défense au Québec en matière criminelle, pour dénoncer la diffusion du documentaire à ICI Télé.
Les plaignants ont notamment cité un passage du documentaire où l’avocat criminaliste Patrick Davis affirme n’avoir perdu aucune cause d’agression sexuelle, ses clients ayant tous été acquittés.
Or, une simple recherche sur Internet permet de constater que cette affirmation est fausse. J’ai moi-même recensé quatre décisions publiées dans lesquelles des accusations d’agressions sexuelles ont été retenues malgré les représentations contraires de Me Davis, a affirmé Me LeBrun dans la plainte.
Les plaignants remettaient également en cause la présence dans le film de l’ex-avocat Claude F. Archambault, radié du barreau depuis plus de dix ans pour de multiples infractions reliées à la malhonnêteté, selon Me LeBrun.
Me Rachelle Pitre, procureure en chef adjointe au bureau de Montréal du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), s’était également montrée critique de La parfaite victime au lendemain de sa première, en juin 2021.
En entrevue avec Isabelle Richer, elle avait notamment remis en cause une statistique citée dans le documentaire concernant le taux de plaintes autorisées par le DPCP.