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La démocratie recule partout, y compris au Canada
Radio-Canada
Les événements des derniers jours à Ottawa ont ébranlé bien des Canadiens. Si l'occupation du parlement par les camionneurs, les slogans haineux et les menaces inquiètent les observateurs, le recours à la Loi sur les mesures d’urgence ne les rassure guère sur l’état de la démocratie canadienne.
Tout cet épisode illustre bien la détérioration subie par la démocratie ces dernières années. Une tendance amplifiée par la pandémie, selon l’indice de la démocratie en 2021, publié le 10 février par The Economist Intelligence Unit (EIUEIU).
Le Canada n’échappe pas à cet effritement. Le pays a perdu sept rangs, glissant de la 5e à la 12e place, avec une note de 8,87 sur 10, contre 9,24 sur 10 en 2020.
Si notre pays demeure une démocratie pleine et entière (selon la définition de l’EIU), le repli est tout de même inquiétant, estime Andrew Potter, professeur agrégé à l'École de politiques publiques Max Bell de l’Université McGill. Comment explique-t-il cette détérioration?
Ce qui s’est produit au cours des deux dernières années, c’est que le premier ministre a essentiellement fermé le Parlement pendant une longue période et a tenu à limiter l'opposition autant qu'il le pouvait, croit le chercheur. La Chambre a siégé pendant un nombre de jours historiquement bas, rappelle-t-il.
Lorsque ceux qui sont en désaccord avec les décisions du gouvernement ne peuvent plus s’exprimer dans le cadre prévu, ils vont chercher d’autres moyens de se faire entendre, dans la rue si nécessaire. En prenant la décision d’éliminer l’expression de l’opposition à l’intérieur des institutions, M. Trudeau est donc directement responsable de ce qui arrive, estime M. Potter. Son attitude envers le Parlement a été méprisante et dédaigneuse, soutient le chercheur. Ce qui se passe actuellement dans les rues d'Ottawa en est, dans une large mesure, une conséquence directe. Quand les gens sentent qu’on ignore leur opinion ou qu’on la méprise, cela risque d’engendrer de la colère.
« Si vous vouliez délibérément faire du Canada un pays moins démocratique, il serait difficile de faire autre chose que ce que le premier ministre a fait au cours des deux dernières années. »
Différents sondages menés au cours des derniers mois révèlent de la frustration par rapport aux restrictions pandémiques, un déclin de la confiance dans les partis politiques et une augmentation de l’appui à des solutions de rechange non démocratiques.
Une autre tendance indiquée dans le rapport est une américanisation croissante de la politique canadienne.