La crise s’aggrave en Tunisie avec la dissolution du Parlement par le président Saïed
Radio-Canada
Le chef de l'État tunisien, Kaïs Saïed, a dissous le Parlement à la suite d'une séance non autorisée tenue par des parlementaires qui s'opposent à ses mesures.
Il s'agit d'un nouveau cap dans la crise politique qui secoue la Tunisie, notamment depuis la suspension du Parlement en juillet dernier par le président Saïed, qui avait alors déclaré qu'il pouvait gouverner par décret.
Bravant cette suspension, plus de la moitié des parlementaires, soit 124 personnes, s'étaient réunis virtuellement mercredi. La quasi-totalité d'entre eux a voté contre des mesures qu'avait décrétées l'an dernier Kaïs Saïed. La réplique de ce dernier ne s'est pas fait attendre : c’est une tentative de coup d’État qui a échoué, a-t-il déclaré.
La plupart des participants à cette séance non autorisée font maintenant l'objet d'une enquête. De plus, au moins une vingtaine d'entre eux ont été cités à comparaître devant une unité antiterroriste pour leurs actions, qualifiées de conspiration contre la sécurité de l'État.
Parmi ceux cités à comparaître figurent des membres du parti islamiste Ennahda, selon le chef de ce parti qui préside aussi le Parlement, Rached Ghannouchi.
Nous considérons que le Parlement reste en activité, a affirmé Rached Ghannouchi, qui rejette la décision du chef de l'État et affirme que l'Assemblée va poursuivre ses activités.
M. Ghannouchi préside le Bureau de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui regroupe la présidence du Parlement et les partis qui y siègent, et qui avait organisé la séance virtuelle de mercredi.
Sur Twitter, la parlementaire Saida Ounissi, qui était ministre de l'Emploi et de la Formation avant la suspension du Parlement, a écrit que Saïd entend utiliser tous les moyens pour écraser les voix de l'opposition. Il veut décourager les députés qui souhaiteraient organiser une troisième plénière.
La Constitution tunisienne prévoit la tenue d'élections législatives anticipées dans un délai de trois mois à la suite de la dissolution du Parlement. Toutefois le président Saïed n'a pas encore indiqué s'il le fera.