La crise politique s’intensifie en Libye après un vote controversé du Parlement
Radio-Canada
La Libye s'est retrouvée jeudi, après un vote controversé du Parlement, avec deux premiers ministres, dont l'un a vu son convoi visé par des tirs, signe d'une exacerbation des tensions dans un pays déjà miné par les luttes de pouvoir et le chaos politique.
Dans ce qui s'apparente à un coup de force institutionnel du camp de l'Est libyen contre celui de Tripoli, le Parlement siégeant à Tobrouk (est) a désigné l'influent ex-ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête du gouvernement intérimaire.
Or, M. Dbeibah, anticipant ce vote, a fait savoir à plusieurs reprises qu'il ne céderait le pouvoir qu'à un gouvernement sorti des urnes.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, des tirs ont visé le convoi de M. Dbeibah à Tripoli, a affirmé le ministère de l'Intérieur.
L'attaque armée, menée par des inconnus, n'a pas fait de victimes, selon le ministère, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête sur cet acte criminel.
La Libye s'est enlisée dans une crise politique majeure après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, avec des rivalités entre les principales régions, des luttes de pouvoir et des ingérences étrangères.
En pleine guerre civile, le pays avait été dirigé entre 2014 et 2016 par deux premiers ministres rivaux à l'Ouest et à l'Est.
Après des années de conflits armés et de divisions, le gouvernement Dbeibah a été mis sur pied il y a un an, sous l'égide de l'ONU, pour mener la transition jusqu'aux élections présidentielles et législatives, prévues en décembre dernier avant d'être reportées sine die.
Ce report avait été décidé sur fond de désaccords persistants entre un pouvoir à l'Est, incarné par le Parlement et le maréchal Haftar, et un autre à l'Ouest, autour du gouvernement de Tripoli et du Haut Conseil d'État.