
La crise du logement est pire pour les Autochtones
TVA Nouvelles
En ce premier juillet, de nombreux ménages n'ont pas encore trouvé un nouveau toit ou se loger, partout au Québec, les ménages issus des communautés autochtones ont encore plus de difficulté à trouver. Non seulement les maisons sont surpeuplées dans les réserves, mais lorsqu'ils arrivent en ville, en plus de se buter à la crise du logement, ils doivent composer avec les préjugés racistes selon les experts. ''Les études et ce que l'on constate en discutant avec les familles qui fréquentent nos services, c'est qu'ils font face à une double discrimination. D'abord parce qu'ils sont autochtones et ensuite parce qu'il s'agit souvent de familles nombreuses avec des particularités. On voit le papa, la maman, de nombreux enfants et souvent la Kukum (grand-maman) qui suit elle aussi. On se retrouve avec des propriétaires qui préfèrent louer à de bonnes familles, selon leurs critères'' décrit Bruno Lemieux, coordonnateur de projet à la Société immobilière du Regroupement des Centres d'amitié autochtone du Québec, le RCAAQ.
1 autochtone sur 5 vit dans un logement en mauvais état
Une déception qui est grande alors que 55% des membres des Premièeres nations choisissent de vivre en ville. Un choix motivé par un retour aux études, trouver du travail et s'établir dans un logement adéquat. Si l'espoir de trouver un logement assez grand et abordable est quasi mission impossible pour de nombreuses familles au Québec, les autochtones sont plus susceptibles de vivre dans un logement en mauvais état. Selon le recensement de 2016, 20% des autochtones vivent dans un logement qui nécessite des réparations majeures, contre 6% pour la population allochtone.'On a mené un sondage auprès de 500 étudiants et familles autochtones vivant dans la ville de Québec et ils veulent tous améliorer leur sort. Ils vivent présentement dans des appartements qui sont mésadaptés pour leurs besoins. On pense par exemple à une famille qui aurait besoin d'un 5 et demi mais n'a que les moyens pour un 3 ou 4 et demi. Les enfants se retrouvent tous dans la même chambre. Et ça cette situation, on la voit dans l'ensemble des régions du Québec '' explique M. Lemieux.
10 familles atikamekw à la rue
Le phénomène des rénovictions préoccupe aussi les intervenants du Retroupement des centres d’amitiés du Québec. ''On voit de plus en plus de propriétaires qui rénovent et qui veulent louer plus cher. C'est très préoccupant'', ajoute le coordonnateur de projets d'habitation, destiné aux familles autochtones. Une réalité qui n'est pas sans rappeler le sort d'une douzaine de familles atikamekw de La Tuque en Mauricie alors que sur 12 ménages, seulement deux ont réussi à se relocaliser. Les dix autres familles sont toutes hébergées de façon temporaire dans une pourvoirie des environs.
Réserves autochtones: des maisons qui débordent!
La crise du logement qui sévit maintenant dans les milieux urbains frappe les communautés autochtones depuis plusieurs années. Au Lac Simon, une communauté algonquine en Abitibi-Témiscamingue, il manque au moins 300 nouvelles résidences pour répondre au besoin de la population selon la Cheffe du Conseil de la Nation Anishnabe de Lac Simon, Adrienne Jérôme. ''Juste pour vous dire, 120 familles sont en attente et pour les personnes seules, ce sont 180 logements qui manquent. On a 77 personnes ici qui n'ont pas d'adresse, qui vivent dans l'itinérance. On a même une maison pour itinérants au Lac Simon, et même une famille dedans! C'est vraiment criant!'' poursuit la leader de la communauté de 2 700 âmes, qui comprend à l'heure actuelle 350 résidences, dont près d'une vingtaine en construction. C'est donc dire qu'en moyenne, plus de 8 personnes vivent à la même adresse.
Une famille qui vit dans ses valises
Et cette dure réalité Ben Thusky et sa conjointe, Valerie Petiquay, l'ont vécue. Le couple et sa fille de 11 ans ont passé la dernière année en attente d'une maison. ''On a passé deux mois chez mon frère, puis chez ma soeur. Et en suite chez ma mère! (...) C'est vraiment difficile de paqueter et dépaqueter tout le temps!'', raconte le père de famille. ''On a même passé deux mois dans le bois! J'avais l'impression que je ne pouvais pas bien élever ma fille comme je le voulais!'' poursuit la mère. La famille vient tout juste d'avoir les clefs de sa nouvelle maison, un petit