
La CPI autorise une enquête sur la guerre contre la drogue aux Philippines
Radio-Canada
La Cour pénale internationale (CPI) a autorisé mercredi une enquête sur la guerre antidrogue du gouvernement philippin, marquée par des milliers de meurtres commis par les forces de l'ordre pouvant constituer, selon les juges, des crimes contre l'humanité.
Fondée en 2002 pour juger les pires atrocités commises dans le monde, la Cour, concluant qu'il existe une base raisonnable permettant de parler de crimes contre l'humanité, a donné son feu vert à l'ouverture d'une enquête. Elle a pris cette décision malgré le retrait de Manille de la CPICour pénale internationale en 2019, à la suite de l'ouverture d'un examen préliminaire sur ces violences.
Fatou Bensouda, procureure sortante de la CPICour pénale internationale, avait annoncé en juin avoir demandé l'ouverture d'une enquête sur des milliers de meurtres commis aux Philippines dans le cadre de la guerre déclarée à la drogue par le gouvernement.
La campagne dite de "guerre contre la drogue" ne peut pas être considérée comme une opération légitime de maintien de l'ordre, et les meurtres ne peuvent pas être considérés ni comme légitimes ni comme de simples excès dans le cadre d'une opération par ailleurs légitime.
Les pièces disponibles indiquent qu'une attaque généralisée et systématique contre la population civile a été lancée en application ou dans la poursuite de la politique d'un État, ont précisé les juges internationaux dans un communiqué.
L'enquête couvrira la période de 2011 à 2019.
Le président philippin Rodrigo Duterte avait été élu en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière, promettant d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre des dizaines de milliers de délinquants.