La course au GNL des États-Unis laisse présager une hausse de votre facture de gaz
Radio-Canada
L’époque du gaz naturel à très bas prix est terminée au Canada, selon plusieurs experts, et la raison est à chercher au sud de la frontière, dans le golfe du Mexique. Les millions de dollars qui y sont investis pour accroître les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) ont transformé le marché du gaz naturel nord-américain.
Avant l’avènement du gaz naturel liquéfié, le marché du gaz naturel était très insulaire, explique Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’Énergie à HEC Montréal. Les échanges se faisaient principalement entre le Canada et les États-Unis à cause des difficultés de transport.
Étant donné les grandes réserves au Canada, l’offre surpassait facilement la demande. Le prix de référence du gaz naturel appelé Henry Hub a oscillé entre 1,50 $ US et 4 $ US depuis 2008.
L’invasion russe en Ukraine et les sanctions imposées à l’industrie pétrolière et gazière russe ont aidé à changer la donne, selon Jackie Forrest, directrice générale d’ARC Energy Research Institute.
Depuis 2016. les États-Unis sont passés d’importateur de gaz naturel à exportateur. Environ 10 % de la production nord-américaine est destinée à l’exportation, mais cette proportion doublera d’ici 2030, selon Mme Forrest.
Si nous n’avions pas la situation [en Europe], je ne pense pas que nous nous attendrions à autant de croissance dans les exportations [de GNL], souligne-t-elle.
Fin mai, l’entreprise Venture Global a donné le feu vert à la construction d’un deuxième terminal d'exportation de gaz naturel liquéfié dans le golfe du Mexique. Un projet de 13,2 milliards de dollars américains. Ce mois-ci, Cheniere Energy a presque doublé sa capacité de production de gaz naturel liquéfié.
Mais ouvrir le marché à la demande européenne a des conséquences sur le prix en Amérique du Nord.
Le fait de pouvoir exporter davantage fait en sorte qu’on lie les marchés de production et de consommation et que de plus en plus il y a harmonisation future dans les prix, explique Joseph Doucet, le doyen du Collège des sciences sociales et des sciences humaines à l'Université de l'Alberta.