La Cour internationale de Justice : victime impuissante du système multilatéral
TVA Nouvelles
Ignorée par la Russie et Israël, la Cour internationale de Justice est la victime impuissante d'un système multilatéral polarisé où les États respectent ou non des décisions pourtant contraignantes au gré d'une politique de «deux poids, deux mesures», regrettent des experts.
En mars 2022, la plus haute juridiction de l'ONU a ordonné à la Russie de stopper son invasion en Ukraine, toujours en cours deux ans plus tard. En mai, elle a ordonné à Israël d'arrêter immédiatement son offensive militaire à Rafah, sans effet pour l'instant.
Ces refus d'obtempérer à des décisions légalement contraignantes témoignent-ils d'un manque de crédibilité et de légitimité de la CIJ? Pas vraiment, estiment des analystes interrogés par l'AFP, qui renvoient les pays à leurs responsabilités.
«Les États ont choisi de ne pas mettre en place de force de police ou de force armée internationale», note Raphaëlle Nollez-Goldbach, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique en France.
Alors la CIJ «dépend de la volonté et de la coopération des États pour appliquer ses décisions. Évidemment, cela montre certaines limites», poursuit-elle. Mais «dire le droit sur un conflit en plein dans l'actualité et en temps direct, c'est déjà beaucoup».
«Presque toutes les décisions de la Cour sont appliquées par les États», assure de son côté le service de presse de la CIJ, reconnaissant que «les quelques cas de non-respect -- une exception -- pèsent fortement sur les relations internationales».
Mais ce n'est pas la faute de la Cour, insistent les experts.
«Le vrai problème de crédibilité vient des gouvernements qui font du deux poids, deux mesures», déclare à l'AFP Louis Charboneau, de Human Rights Watch.
Certains pays occidentaux «ont applaudi» la décision sur l'Ukraine, mais «sont inquiets» quand il s'agit d'Israël, et à l'inverse, des pays comme l'Afrique du Sud, à l'origine de la procédure pour «génocide» contre Israël, «n'ont pas été très véhéments concernant les atrocités russes en Ukraine».