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La communauté scientifique inquiète de perdre Twitter, devenu un outil précieux
Radio-Canada
Depuis des jours, médecins urgentistes, virologues, infectiologues ou encore épidémiologistes multiplient les messages sur Twitter, indiquant à leurs abonnés comment les suivre sur d'autres plateformes, au cas où le réseau social racheté par le milliardaire Elon Musk venait à dysfonctionner.
L'entreprise à l'oiseau bleu s'est séparée de la moitié de ses 7500 employés, et plusieurs centaines d'autres ont claqué la porte, soulevant des inquiétudes sur la capacité du réseau à perdurer. Le caractère imprévisible de son nouveau patron fait en outre craindre des mesures qui altéreraient profondément l'essence de la plateforme.
Or, depuis la pandémie de la COVID-19, nombre d'experts médicaux ont fait de Twitter un véritable outil : pour s'informer, partager leurs recherches, communiquer des messages de santé publique ou encore forger des relations de travail avec des collègues.
La pandémie a, je crois, vraiment été un point de bascule dans l'utilisation des réseaux sociaux comme une ressource pour les chercheurs, a déclaré à l'AFP Jason Kindrachuk, virologue à l'Université du Manitoba, au Canada.
En janvier 2020, la COVID-19 se répand comme une traînée de poudre dans le monde. Des études sont menées partout pour comprendre comment se propage le virus, et comment s'en protéger au mieux. Elles sont partagées à toute vitesse sur Twitter pour répondre à l'anxiété des professionnels de santé comme du grand public.
C'est l'avènement des prépublications (preprint, en anglais), soit la première version d'une étude scientifique, avant qu'elle ne soit vérifiée par des pairs et publiée dans une revue reconnue.
En pleine pandémie, la capacité à rapidement partager l'information est cruciale pour la dissémination de la connaissance, et Twitter permet de le faire d'une façon impossible à réaliser avec les revues spécialisées, soulignait en avril 2020 un commentaire publié dans le Canadian Journal of Emergency Medicine.
Le processus de vérification des résultats a quasiment lieu en direct sur Twitter, les scientifiques partageant publiquement leurs interprétations et leurs critiques face à chaque nouvelle étude. Avec certes, parfois, un effet pervers : certains travaux reçoivent une attention qu'ils ne méritent pas, et des chercheurs s'expriment sur des sujets éloignés de leur domaine d'expertise.
Grâce à Twitter, nombre d'experts se sont en outre mis à travailler ensemble, à distance.