La Colombie gangrénée plus que jamais par le narcotrafic
Radio-Canada
Depuis que les accords de paix avec les FARC de 2016 ont permis de voyager en Colombie de façon somme toute sécuritaire, Medellín est parvenue à charmer les touristes : ils ne cessent de vanter les innovations et l’hospitalité des paisas, les gens du pays d’Antioquia.
Les efforts déployés par ses maires et gouverneurs, comme Alonso Salazar et Sergio Farjardo, candidat malheureux à la présidence par deux fois, y sont pour quelque chose.
Medellín est ainsi devenue moins dangereuse, mais elle garde sa part d’ombre. Car elle est désormais la ville où tous les vices sont permis et attire à elle des touristes très sulfureux. Et gare à ceux qui émettent des critiques.
Luis Fernando Quijano, qui préside l’ONG de défense des droits de la personne CORPADES, est un homme menacé. Il a lancé, il y a dix ans, le site Analisis urbano, qui publie tout ce qui touche à la violence commise contre les citoyens de Medellín et du département D’Antioquia. Ce qui lui vaut beaucoup d’ennemis.
En 2016, juste avant le référendum sur les accords de paix, perdu par le président Juan Manuel Santos, Luis Fernando Quijano nous avait dit : Medellín n’est pas le plus grand bordel du monde, mais c’est le moins cher.
Aujourd’hui il ajoute : Ici, c’est la rumba dura, la fête extrême, cocaïne et tourisme sexuel : femmes, hommes, garçons, petites filles, voire tous en même temps. Ceci est un vrai bordel.
« Medellín est devenu le paradis de toutes les mafias du monde, danoise, hollandaise, canadienne, à très haut niveau. »
Luis Fernando Quijano dénonçait, il y a quatre ans, la présence à Medellín des cartels mexicains de Sinaloa et de Jalisco, nouvelle génération dans le trafic de coke sur la côte pacifique, qui venaient s’ajouter aux mafias locales : le Clan del Golfo et la Oficina de Envigado.
Cela dit, soutient Luis Fernando Quijano, le Clan del Golfo n’existe pas en soi. Il s’agit en fait des Autodéfenses Gaitanistes de Colombie, héritières des groupes narco-paramilitaires qui terrorisaient le nord du pays encore récemment. Et la Oficina de Envigado est l’héritière du Cartel de Medellin et de Pablo Escobar. L’expression vient d’ailleurs de cette phrase qu’il disait à sa famille : je m’en vais au bureau – la oficina – situé alors dans le quartier Envigado de Medellín. Le groupe, mystérieux mais puissant, est soupçonné d’avoir des ramifications dans toutes les couches de la société : police, armée, mondes des affaires et politiques.