La Chine et la Russie, deux autocraties à l’épreuve de la réalité
Radio-Canada
Guerre en Ukraine et COVID-19 : ces deux crises ont dominé et dominent toujours l’actualité. Elles mettent aujourd’hui à l’épreuve deux gouvernements autoritaires : celui de la Russie avec Vladimir Poutine, et celui de la Chine avec Xi Jinping.
Depuis le début des années 2010, ces régimes s’érigent, face à l’Occident, en une sorte d’antimodèle qui serait, selon eux, supérieur notamment pour son efficacité face à un modèle démocratique donneur de leçons, mais en pleine crise de légitimité.
Depuis deux ans, le président Xi a déployé, avec un culte de la personnalité débridé, toute une propagande triomphaliste affirmant que les chiffres très bas des infections de COVID-19 dans son pays sont la preuve de la supériorité du système socialiste aux couleurs de la Chine, par rapport à un Occident libéral, inefficace et dépassé.
Le président Poutine, de son côté, a réussi à faire croire aux services de renseignements occidentaux que la modernisation de l’armée de son pays avait été spectaculaire au cours des 10 dernières années, et que c’était un signe d’un nouveau et redoutable dynamisme de la Russie tout entière.
Aux derniers jours de février 2022, ces services – qui avaient pourtant vu juste sur l’imminence et l’ampleur de l’attaque contre l’Ukraine – ont faussement cru que l’armée russe ne ferait qu’une bouchée de l’armée ukrainienne. Les ratés de la stratégie zéro COVID de Xi Jinping, avec les confinements sévères et prolongés de plusieurs grandes villes, tout comme les difficultés de la campagne militaire russe en Ukraine, mettent à mal les prétentions sur l’efficacité de ces deux régimes.
Ces deux crises peuvent-elles ébranler le modèle autoritaire et fournir des arguments en faveur du modèle démocratique occidental?
Les autocraties qui règnent à Moscou et à Pékin se targuent d’être des régimes intrinsèquement plus efficaces , tout en étant, selon la ligne officielle, légitimes, car soutenues par leurs populations. Alors que la démocratie à l’occidentale, avec ses chaotiques alternances au pouvoir, ses divisions, sa vision à court terme dérivée de l’électoralisme, cette démocratie doute d’elle-même et n’a plus le soutien automatique des populations.
Le système libéral démocratique produit des effets pervers et parfois des monstres, par exemple aux États-Unis où certains commencent à évoquer la possibilité d’un coup d’État institutionnel à la prochaine présidentielle de 2024, sous l’égide d’une droite républicaine fascisante et trumpisée.
La France, autre pays réputé modèle, un des États qui a inventé la nation moderne, voit aujourd’hui sa légitimité attaquée de l’intérieur. Des personnages comme Marine Le Pen (à l’extrême droite) ou Jean-Luc Mélenchon (à l’extrême gauche) remettent en question la légitimité d’un Emmanuel Macron, le libéral centriste qui vient d’être réélu. Et le fait est que beaucoup de leurs concitoyens pensent comme eux.