La Chine bouge, l’Occident ne sait plus sur quel pied danser
Radio-Canada
Pékin affirme sa puissance économique et militaire de façon chaque fois plus marquée. Les dirigeants chinois ne se gênent pas pour menacer ceux qui osent leur tenir tête, alors que les craintes d’une invasion de Taïwan augmentent. Quelles options pour les pays occidentaux face à cette Chine conquérante?
Elbridge Colby a été sous-secrétaire adjoint à la Défense pour la stratégie et le développement des forces sous l’administration Trump (2017-2018). Il s’inquiète de l’influence grandissante de la Chine. L'objectif de la Chine est de devenir un hégémon, à tout le moins en Asie, et comme l'Asie représentera bientôt plus de 50 % du marché mondial, si elle atteint l'hégémonie en Asie, elle sera dominante dans le monde entier, affirme-t-il.
« Ce n’est pas simplement de l’ordre du possible, c’est plutôt hautement probable, à moins que nous prenions des mesures pour l'éviter. »
Militairement, cependant, les Chinois ne sont pas près de rattraper les Américains. Leur budget militaire (252 milliards de dollars américains) est le deuxième du monde, mais loin derrière celui des États-Unis (778 milliards).
Les Américains ont une avance qualitative et quantitative très significative en matière de matériel militaire, croit Marc Julienne, chercheur, responsable des activités Chine au Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (IFRI). Pékin fait toutefois du rattrapage accéléré. Les Chinois sont en train de construire un troisième porte-avions et disposent d’un impressionnant arsenal de missiles balistiques.
Washington en rajoute sans doute un peu afin de justifier sa politique envers Pékin, souligne Marc Julienne. De l’autre côté, la Chine le fait aussi, en tenant un discours de puissance dans lequel elle répète à qui veut l'entendre qu'elle est une grande puissance et qu'elle est en mesure de faire face à toute provocation, y compris sur le plan militaire, souligne le chercheur.
Si l’Occident veut empêcher la Chine de dominer la région, ce qu’elle tenterait actuellement de faire, il doit agir rapidement en collaborant avec des alliés régionaux tels que l’Inde, le Vietnam, la Corée du Sud et le Japon, pour établir un meilleur rapport de force, estime M. Colby. Actuellement, on parle beaucoup, mais on agit peu, déplore-t-il.
« On fait bien des déclarations sur la Chine, mais en réalité, notre position militaire est figée. Il y a plus de paroles que d’actions. »
Les États-Unis devraient réduire au minimum leur présence militaire au Moyen-Orient et en Europe afin de se concentrer sur l’Asie, croit-il, tout en poussant les Japonais et les Taïwanais à augmenter leur propre budget de défense. Ce sont des choses que nous avons dit que nous allions faire, mais qui ne se produisent pas.