
La banane, un fruit abordable, mais à quel prix?
Radio-Canada
Dans un contexte de forte inflation, la banane se distingue : depuis 25 ans, son prix ne cesse de baisser. À tel point que certains pays producteurs tirent la sonnette d’alarme. Pour eux, ce prix toujours faible ne tient plus compte de l’augmentation des coûts de production, ce qui a pour conséquence que certains producteurs perdent de l’argent.
Il est à noter que le prix de la banane est stable depuis une décennie. Pour le vice-président international et développement des affaires du distributeur Courchesne Larose, Guy Milette, cette stabilité s’explique notamment par des gains de productivité. Les méthodes de production de bananes ont amené des volumes de production de 4500 caisses par hectare par semaine. Il y a vingt ans, on avait à peine 1200, 1500 caisses. L'augmentation de la production a beaucoup aidé à contrôler les coûts, même à les voir diminuer.
Guy Milette souligne que les entreprises spécialisées dans la banane (Dole, Del Monte, Chiquita…) contrôlent la logistique et le transport. Les grandes sociétés majeures de bananes possèdent leurs propres navires, ce qui leur permet d'avoir une stabilité au niveau des coûts de transport.
Autre aspect pour ce spécialiste de la distribution alimentaire : la banane est utilisée par les détaillants comme un « cheval de Troie ». Le consommateur moyen ne va pas se rappeler du prix qu'il a payé son céleri la semaine dernière. Mais la banane est un des produits au prix très stable dont les consommateurs se souviennent. Les grandes chaînes vont utiliser la banane pour attirer les consommateurs en magasin.
Enfin, les chaînes d’alimentation signent des contrats sur le long terme, explique Guy Milette. Elles ont des prix garantis et restent à l’abri des aléas de l’offre et de la demande.
À l’instar du café et du cacao, il existe depuis plusieurs années un marché de la banane équitable et biologique. Jennie Coleman est à la tête de l’entreprise Equifruit qui distribue cette banane partout au pays. La demande est forte, malgré une maigre part de marché de 2 %.
Elle plaide pour que le consommateur ainsi que toute la chaîne d’approvisionnement paient le juste prix.
Si on payait en dollar de 2022 le même prix qu'on payait en 1995, la banane conventionnelle serait à 1,05 $ la livre. La banane a été gardée très peu chère à l'épicerie pendant trop longtemps et la différence de prix entre ce qu'on devrait payer et ce qu'on paie, c'est un gouffre énorme qui est payé par quelqu'un d'autre, explique Jennie Coleman.
« On n’a rien de gratuit. C'est comme si on demandait aux petits producteurs de nous subventionner un produit à travers leurs salaires minables et leurs conditions de travail épouvantables. »