
L’utilité d’un mystérieux fragment d’os piqueté révélée par l’archéologie expérimentale
Radio-Canada
C’est l’histoire d’un morceau d’os trouvé en 2007 par des archéologues de l’Université de Barcelone sur le site archéologique de Gavà, dans le nord-est de l’Espagne.
Le fragment d’une dizaine de centimètres pourrait être considéré comme banal, puisqu’il est similaire à bien d’autres couramment découverts en Europe.
Mais celui-ci est particulier : il présente des marques à sa surface qui le rendent très intéressant aux yeux des archéologues. On peut y observer 10 ponctuations bien alignées, explique Luc Doyon, archéologue à l’Université de Bordeaux, en France, dont les travaux sont publiés dans la revue Science (Nouvelle fenêtre) (en anglais).
Le morceau appartient à un os plat, possiblement la mandibule, la scapula (omoplate) ou le bassin d'un animal assez gros comme le cheval ou l’auroch, l’ancêtre de nos vaches domestiques. Il date de 39 600 ans. Une datation contextuelle, puisque l’os n’a pas été sectionné afin d'en préserver l’intégralité. Ce sont des morceaux de charbon découverts dans la même couche de sédiments qui ont révélé son âge.
La question était de savoir pourquoi des humains avaient perforé le fragment. À quoi pouvait-il servir? Luc Doyon et ses collègues avancent l’idée qu’il pourrait s’agir d’un outil pour percer des peaux afin de fabriquer des vêtements, mais ils devaient encore le prouver.
À l’époque, les humains (Homo sapiens) qui peuplaient la région – et l’Europe – étaient des Aurignaciens, une société nomade du Paléolithique supérieur connue pour son utilisation d’une série d'outils d’os pour travailler le silex, fabriquer des bijoux, des objets d'art et d'autres instruments.
Elle est également la première culture à laisser des traces durables d’art figuratif, comme des statuettes en ivoire de mammouth.
D’ailleurs, des ponctuations créées sur un os par les Aurignaciens pourraient n’être simplement que décoratives ou symboliques.
Des hypothèses que Luc Doyon et ses collègues n’ont pas retenues.