L’ONU exhorte les États de la région à cesser d’expulser les Haïtiens
Radio-Canada
Un comité de l'ONU a appelé vendredi les États de la région à suspendre les renvois forcés d'Haïtiens, soulignant que 36 000 d'entre eux ont été expulsés entre janvier et mars alors que la violence ravage leur pays.
Dans une déclaration publiée dans le cadre de sa procédure visant à alerter sur des situations d'urgence, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) se déclare profondément préoccupé par ces expulsions collectives d'Haïtiens qui se font sans évaluation appropriée des besoins de protection de chaque individu.
Dans un communiqué, le comité, composé de 18 experts indépendants, appelle les États de la région à suspendre les retours forcés et à adopter des mesures pour protéger les Haïtiens qui se déplacent.
Les données de l'agence de l'ONU pour les migrations (OIM) montrent que près de 22 000 Haïtiens ont été renvoyés dans leur pays de janvier à novembre 2022, dont près de 15 000 par les États-Unis, a indiqué le comité. Ces expulsions ont fortement augmenté cette année.
Quelque 36 000 personnes d'origine haïtienne ont été expulsées vers leur pays durant les trois premiers mois de l'année, dont environ 90 % depuis la République dominicaine, selon le comité, citant toujours l'OIM.
Le communiqué souligne également que des pays des Caraïbes, tels que les Bahamas et les îles Turques-et-Caïques, ont annoncé des mesures de répression à l'encontre des migrants haïtiens sans papiers, tandis que les États-Unis ont présenté en janvier un plan visant à permettre des expulsions accélérées vers le Mexique d'Haïtiens et d'autres migrants.
Viols collectifs, enfants ciblés, tireurs sur les toits... la terreur infligée par les gangs à la population haïtienne se propage à un rythme alarmant, selon l'ONU, dont le secrétaire général Antonio Guterres a plaidé en faveur du déploiement d'une force armée spécialisée internationale, notamment pour aider la police de l'île à rétablir l'ordre.
Les experts de l'ONU se sont également déclarés très préoccupés par le fait que les Haïtiens seraient victimes d'un usage excessif de la force, de traitements cruels, inhumains et dégradants, et de profilage racial de la part des forces de l'ordre de certains États dans la région des Amériques.
Le comité fait part de son inquiétude quant aux violations des droits de la personne dont sont victimes les Haïtiens fuyant leur pays, notamment dans les centres de détention de migrants, et dénonce la militarisation des frontières et les politiques systématiques de détention des migrants.