L’Irak s’enfonce dans la crise politique après la démission du quart des députés
Radio-Canada
L'impasse est totale : les 73 députés du courant du leader chiite Moqtada Sadr, plus importante formation du Parlement irakien, ont présenté dimanche leur démission, un geste vraisemblablement destiné à faire pression pour accélérer la formation du gouvernement, en panne depuis les législatives de 2021.
Nous avons accepté à contrecoeur les demandes de nos frères et soeurs, représentants du bloc sadriste, de démissionner, a annoncé sur Twitter le président du Parlement, Mohammed al-Halboussi, après avoir reçu les lettres de démission des 73 élus de Moqtada Sadr.
Le leader chiite, habitué des symboles politiques, avait lui-même demandé à ses députés jeudi de préparer leur démission.
Les services du Parlement n'étaient pas disponibles dans la soirée pour commenter les implications constitutionnelles de cette décision.
Mais selon le politologue irakien Hamzeh Hadad,le Parlement doit encore entériner ces démissions à la majorité absolue pour qu'elles deviennent effectives. Or, les vacances parlementaires ont débuté jeudi et les élus ne doivent retrouver l'hémicycle qu'au mois d'août.
« Encore un peu plus de théâtre politique de la part du mouvement sadriste et de Halboussi. »
Au-delà de la symbolique, ce soubresaut vient souligner l'impasse politique totale dans laquelle se trouve l'Irak, avec un goût de déjà-vu, les tractations entre partis pour mettre sur pied un gouvernement et nommer un premier ministre jouant généralement les prolongations, comme cette fois-ci.
Depuis huit mois et les législatives anticipées d'octobre 2021, desquelles le mouvement sadriste est sorti grand gagnant, le gouvernement du premier ministre Moustafa Kazimi se contente d'expédier les affaires courantes.
M. Kazimi, au pouvoir depuis 2020 et qui n'appartient à aucun parti politique, n'a pas les coudées franches pour tenter de résorber la crise sociale que traversent les 41 millions d'habitants du pays pétrolier.