L’intimidation scolaire à travers les yeux d’une enfant dans le film Un monde
Radio-Canada
Présenté lors du dernier Festival de Cannes, le long métrage Un monde prend l’affiche vendredi au Québec. Ce film tourné à hauteur d’enfant aborde l’intimidation scolaire à travers les yeux de la petite Nora, dont le grand frère, Abel, est harcelé par d’autres élèves.
J’avais envie de reconfronter le spectateur à ce premier temps de l’école, parce que je pense que ce qui est arrivé à l’école détermine plus de choses que l’on pense dans notre manière d’être en tant qu’adulte et dans notre manière de voir le monde, explique Laura Wandel, dont c’est le premier long métrage.
Je pense que c’est une étape assez importante dans notre construction identitaire.
Le film suit l’histoire de Nora, qui est terrifiée à l’idée d’entrer à l’école, où elle ne connaît personne. Son grand frère, Abel, qui fréquente déjà l’établissement, est son seul repère, mais elle se rend rapidement compte qu’il est victime d’intimidation. Contre son gré, elle va dénoncer ces garçons intimidateurs, mais les choses ne vont que s’envenimer.
Un monde a été tourné à hauteur d’enfant, les adultes ne surplombant jamais les jeunes interprètes. Les figures adultes sont d’ailleurs peu présentes dans le film, souvent hors champ, floutées ou en arrière-plan, ce qui contribue à plonger les cinéphiles dans la réalité des jeunes.
Laura Wandel a également voulu miser sur le jeu naturel des enfants, sans les inonder de texte à apprendre. Les enfants n’ont jamais reçu le scénario, parce que c’était très important pour moi de leur laisser une part de créativité et qu’ils se réapproprient l’histoire. Et surtout, j’avais peur que ce soit des dialogues d’adultes dans des corps d’enfants, explique-t-elle.
Dans un premier lieu, la réalisatrice belge a demandé aux jeunes acteurs et actrices de créer une marionnette de leur personnage, afin qu’ils et elles fassent bien la distinction entre celui-ci et leur propre personne. Par la suite, elle leur a expliqué le début de chaque scène en leur demandant quelle aurait été leur réaction dans une telle situation.
Ensuite, on leur demandait d'improviser. Parfois, ils proposaient des dialogues encore plus intéressants que ce que moi j’avais écrit, explique la réalisatrice. Et la dernière étape, on leur demandait de dessiner la scène. C’était leur moyen mnémotechnique pendant le tournage, pour se rappeler tout ce qu’on avait fait en amont.
Laura Wandel espère que son film sera vu autant par les adultes que les jeunes, ce qui permettrait l’ouverture d’un dialogue sur l’intimidation, un sujet parfois gênant ou humiliant à aborder pour les enfants. Le film est d’ailleurs déjà utilisé par des enseignants et des enseignantes dans les écoles en Europe, à des fins de sensibilisation.