L’intérêt croissant pour la littérature anglophone
Radio-Canada
Le livre anglophone, particulièrement le roman, semble connaître un intérêt croissant de la part des lecteurs francophones depuis un certain temps. Il suffit de déambuler à la Biblairie GGC de Sherbrooke pour constater qu’une place de plus en plus importante lui est consacrée.
Moi je travaille ici depuis un peu plus de 15 ans, et on a senti une vague, explique Carolyne Blanchard, gérante du département du livre à la Biblairie. On a plus de demandes, donc on a commencé à commander plus de livres en anglais.
Si les titres anglophones étaient auparavant disséminés ici et là à travers les sections francophones, aujourd’hui, le livre anglophone a sa section bien à lui, et ce n’est qu’un début selon la libraire.
L’un des phénomènes observables est l’intérêt grandissant pour les romans dans la catégorie appelée young adult. Ce genre littéraire destiné aux jeunes adultes, comme le nom anglais l’indique, est issu du monde anglo-saxon et rejoint un lectorat extrêmement gourmand et nourri par les réseaux sociaux comme TikTok avec son BookTok. Des influenceurs partagent leurs impressions qui peuvent parfois obtenir un nombre de partages impressionnant.
Les jeunes sont beaucoup sur les réseaux sociaux et sur les réseaux il y a beaucoup d’influenceurs, ajoute Léonie Boudreault, de la librairie Les Deux Soeurs, qui a ouvert ses portes à Sherbrooke en octobre dernier.
« Les youtubeurs parlent rarement de Michel Tremblay. Ils parlent de livres qui [interpellent] leur public. »
Le young adult se définit d’abord et avant tout par le public qu’il vise, explique Marianne Dunberry, directrice littéraire aux éditions Les Malins, qui se spécialise dans les livres jeunesse. Par des thématiques, comme le début de la vie adulte et tout ce que ça implique : les premiers jobs, les premières relations sexuelles, les premières relations amoureuses sérieuses. Mais à travers ce genre de questionnement là [le scénario] peut être entouré par une urban fantasy qui se passe à New York, ou encore par une enquête qui se passe ici à Montréal. Généralement le young adult, on va le classer de 16, 17 ans jusqu’à la moitié de la vingtaine.
« La génération qui a grandi avec Harry Potter et qui a vraiment aimé ça [veut peut-être] retrouver ce sentiment-là, de lire quelque chose qui les appelle, qui les accroche. »
L’éditrice Marianne Dunberry, elle-même grande lectrice de ce genre littéraire, a d’ailleurs complété une maîtrise en littérature jeunesse au Trinity College à Dublin en Irlande. Elle s’est particulièrement intéressée à ce type de littérature qui foisonne en Angleterre et aux États-Unis. Elle ne s’étonne pas que les jeunes optent pour le livre en anglais. Je dirais que c’est tout à fait normal que les gens se tournent vers la littérature anglophone parce que la diversité et le volume de l’offre sont beaucoup plus présents là que dans l’offre francophone.