L’industrie touristique autochtone en plein essor, contre vents et marées
Radio-Canada
Après la parenthèse noire provoquée par la pandémie, c’était alerte rouge pour plusieurs entrepreneurs en tourisme de plein air qui ont cessé leurs activités à cause des feux de forêt. Parmi eux, de nombreux Autochtones. Dans l'attente d'être indemnisés par les assurances, ils redoublent d’ambition pour répondre à une demande toujours plus forte malgré les vents contraires.
Premier constat : l’épaisse fumée qui s’est répandue au-delà des frontières a rebuté plus d’un touriste qui lorgnait le Québec.
Un certain nombre de visiteurs ne veulent pas prendre de chance car la crise s’allonge, observe Dave Laveau, directeur général de Tourisme Autochtone Québec, une association d'aide aux entrepreneurs autochtones. Chez plusieurs de ses membres, les annulations des clients se sont multipliées au même rythme que les interdictions officielles de circuler en forêt dans les régions en proie aux flammes.
Pour illustrer l’ampleur des dégâts, M. Laveau cite quelques chiffres récents : 77 % des entreprises touristiques offrent des expériences « nature », et parmi elles, 54 % ont dû composer avec des annulations. Pertes de revenus, d’emplois, parfois même d’infrastructures.
Les impacts sont importants, assure le directeur général actuellement en quête de données chiffrées auprès de ses membres pour avoir un meilleur portrait des pertes encourues.
Le secteur du tourisme autochtone, comme bien d’autres, devait déjà composer avec une pénurie de main-d'œuvre aggravée par la pandémie. Mais contrairement aux autres secteurs d’activités, nous ne pouvons pas embaucher des travailleurs immigrants, dans la mesure où les clients s’attendent à une expérience autochtone, rappelle Dave Laveau, comme une évidence.
Outre les feux, il faut dire que la saison avait bien mal commencé sur la Côte-Nord, quand un pont fissuré a ralenti l’économie touristique. La moitié des réservations d'activités et d'hébergement du mois de juin jusqu’à la mi-juillet ont été annulées en Minganie, selon les autorités locales.
Dans cette région, presque au même moment, des pourvoiries réputées pour la pêche et la chasse ont été réduites en cendres, comme celle de la Moisie Nipissis, destination de luxe pour les pêcheurs de saumon passionnés (jusqu’à 5000 $ par jour et par personne) et manne économique non négligeable pour la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam.
Sur place, les pourvoyeurs innus font visiter les lieux calcinés aux assureurs en hélicoptère. Une vingtaine de bâtiments sont partis en fumée. Il y avait un grand chalet, le pavillon central, mais aussi cinq petits chalets et d’autres installations pour les guides et les travailleurs de l’équipe, partage André Michel, directeur du Bureau de la protection des droits et du territoire du conseil de bande Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam (ITUM).