L’indissoluble problème des ornières sur nos routes
Radio-Canada
Les ornières, ces traces formées dans le bitume à force de passages répétés des véhicules, font pester les automobilistes, qui doivent parfois s’accrocher à leur volant pour ne pas être déportés de leur trajectoire. En Estrie, ces imperfections de la route sont nombreuses et nécessitent des interventions fréquentes.
Par endroits, oui, c'est sûr, c'est une problématique qui est de plus en plus fréquente, affirme Antoine Petit, chef de division au service de l'entretien de la voirie à la Ville de Sherbrooke.
Ça provoque chez l'usager de la route un inconfort de roulement, et c'est aussi une situation que le ministère prend très au sérieux, ajoute Isabelle Dorais, porte-parole du ministère des Transports en Estrie.
C’est qu'au-delà du désagrément ressenti pendant la conduite, les roulières, comme on les appelle communément, peuvent aussi représenter un danger pour les usagers du réseau. L’eau s’y accumule, ce qui peut provoquer de l’aquaplanage et ultimement, des accidents.
Le problème des ornières n’est par ailleurs pas le seul à être décrié par les automobilistes. Depuis des années, ils ragent contre les nids de poule, petits et grands, le bitume bosselé, craquelé, fendillé…Existe-t-il des solutions pour que nos infrastructures routières résistent mieux aux aléas de la circulation et du temps?
Il faut d’abord considérer l’usure normale des infrastructures routières, explique le spécialiste dans les matériaux de chaussée à l’École de technologie supérieure (ETS), Éric Lachance-Tremblay. L'enrobé bitumineux est un matériau en partie visqueux qui va se déformer avec le temps. Ça va se produire. C'est normal. La formation de roulières sur nos autoroutes et nos routes est donc inévitable, selon lui.
Ça ne me scandalise pas de voir des routes avec de l'orniérage, mais parfois, c’est l'ampleur de l'orniérage qui est impressionnante. Sur la Rive-Nord de Montréal, il y a des routes où je n’ai pas besoin de tenir mon volant. Ça, ce n’est pas normal, dit-il à la blague.
L’ingénieur précise par ailleurs que la composition du bitume est déterminée en fonction de l’usage. On ne mettra pas le même bitume, les mêmes cailloux [...] et la même épaisseur sur une piste cyclable par rapport à une voie réservée pour un autobus. On va avoir des exigences différentes, précise-t-il. L’application du bon matériau devient encore plus déterminante lorsque la circulation augmente de manière exponentielle, comme c’est par exemple le cas dans certains secteurs de Sherbrooke, où un boom immobilier est survenu dans les dernières années.
Imaginez les routes qui ont été construites il y a 15, 20 ans. Elles n’ont pas été conçues pour faire face à une accélération de la circulation. Quand on construit une chaussée, on applique, dans nos critères de conception, un facteur d'accroissement du trafic de 2 % par année, par exemple. Si le pourcentage est réellement de 5 ou 6 %, on a beau faire la meilleure conception possible, mais notre ouvrage n’avait pas été conçu pour ça.