L’imprimé de cuivre, ou l’art des chimies imprévisibles
Métro
La graveuse de cuivre montréalaise Lucie Jolicoeur Côté, résidente du foyer pour aînés le Manoir Outremont, y exposera un assortiment d’œuvres de son cru du 22 août au 16 septembre.
«Quand j’étais jeune, j’étais attirée par les sciences, mais dans la famille, la culture est assez importante», confie d’emblée l’artiste à Métro. Au cours de ses voyages à New York puis en Italie, cette dernière s’est donc intéressée à la «gravure à l’eau-forte sur cuivre», qui allie l’art à la chimie.Pour travailler sa matière de prédilection, le cuivre, l’artiste a recours à des pointes sèches, des crayons à mine de métal, du vernis, et un ingrédient secret: de «l’eau-forte».
«On gratte, on grave, on met des ingrédients quelconques sur le cuivre avec de l’eau-forte [un acide plus ou moins fort selon l’effet recherché], puis quand la plaque de cuivre est à notre goût, on la fait imprimer [à l’aide d’une presse à imprimer]», détaille-t-elle.
C’est à ce moment que la chimie s’opère réellement, puisqu’il est difficile de prévoir le résultat exact de l’impression. «Quand on gratte et qu’on met de l’acide, [la finition] est dure à prévoir. Il faut être ouverte aux changements!», s’exclame la graveuse.
«Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les lignes, les formes et l’espace. La couleur vient après», explique Mme Jolicoeur Côté, qui a commencé à pratiquer son art en 1991.
L’artiste soutient aussi avoir été profondément marquée par les lignes et formes à la fois simples et sophistiquées de l’art sumérien lors d’une visite au Musée du Louvre, à Paris, et admet s’inspirer de l’écriture cunéiforme de l’antiquité dans ses gravures. «J’essaie de simplifier de plus en plus [mes œuvres]. J’ai une tendance vers la simplicité, l’austérité, l’infini et le sacré. Vers l’essentiel.»
Lucie Jolicoeur Côté espère par ailleurs que cette exposition permettra de réfuter l’idée selon laquelle les résidences ne sont pas aussi des espaces de création. «J’espère changer la mentalité par rapport aux résidences et montrer que quand on est en résidence, on peut en faire, des choses!»