L’impossible bataille contre les surdoses mortelles de fentanyl à New York
Radio-Canada
Le nombre de décès par surdose d’opioïdes va de record en record à New York. Les services policiers et les procureurs tentent tant bien que mal de juguler cette épidémie due au trafic de drogues, mais la tâche est compliquée par des lois devenues trop laxistes.
Toutes les trois heures, une personne meurt d'une surdose de drogue dans la mégapole new-yorkaise. L'abus de fentanyl est en cause dans 80 % des 2800 morts par surdose qui y ont été recensées l’an dernier.
Pour se rendre compte de la gravité de la situation, il suffit de se rendre à l'intersection de Park Avenue et de la 125e Rue, dans East Harlem, un des quartiers new-yorkais les plus touchés par la toxicomanie. Sur quelques coins de rue, le même phénomène se répète : une poignée de revendeurs de drogue sont en quête de clients potentiels.
Dans ce quartier urbain où la pauvreté est évidente se trouve un des rares centres d’injection supervisée de cette ville, inspiré du modèle vancouvérois du Downtown East Side.
Selon Shawn Hill, résident de Harlem qui a cofondé la Greater Harlem Coalition, cet endroit n’est pas le plus indiqué. Vous avez vu ces hommes qui vendent de la drogue devant lesquels nous sommes passés? C’est le dernier endroit où devraient se trouver des gens qui ont essayé de se sortir de la toxicomanie, tranche-t-il.
De plus, ce lieu est situé à proximité de logements sociaux supervisés.
C’est d’ailleurs devant la façade d’un de ces bâtiments que Shawn Hill croise Dominique, une résidente originaire d’Haïti. Il y a des problèmes de drogue partout ici, le fentanyl fait des ravages, dit-elle dans un français créole parsemé de mots anglais.
Il faut dire que des décès par surdose d'opioïdes surviennent tout autour de Dominique depuis quelques semaines, dans l'immeuble où elle habite. Six morts en peu de temps. Il y a quelque temps, à l'étage où se trouve son appartement, l’odeur de cadavre était insupportable; son voisin était mort d’une surdose depuis une semaine.
Pour tenter de lutter contre ce trafic de drogues ravageur, Bridget Brennan gère 180 personnes, dont 70 avocats et une vingtaine d'enquêteurs sur le terrain. En tant que procureure spéciale assignée aux stupéfiants à la Ville de New York, elle est intrinsèquement optimiste quant à l’éradication future de ce fléau. Mais elle avoue que cette épidémie de surdoses aux opioïdes est un cataclysme pour la mégapole.