
L’hospitalisation à domicile en santé mentale partout au Québec
Radio-Canada
L’hospitalisation à domicile en santé mentale, même pour des cas graves, a fait ses preuves dans la Capitale-Nationale depuis une dizaine d’années. Au lieu d’occuper un lit d’hôpital pendant des semaines, des patients sont plutôt traités dans leur salon. Ce modèle inspire tellement le gouvernement qu’il souhaite l’implanter dès cette année partout dans la province, à commencer par la Mauricie–Centre-du-Québec, Montréal, Laval et l’Outaouais.
Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a aussi l’intention de changer le mode de triage des patients qui se présentent en état de crise aux urgences afin qu’ils n’attendent plus d’être vus strictement par un urgentologue. Il songe à la création d’un trio composé d’une infirmière spécialisée, d’un travailleur social et d’un organisateur communautaire, qui pourrait accueillir et diriger les patients vers les ressources appropriées.
« Il faut que les médecins urgentologues acceptent que certains patients ne seront pas vus par eux. Le triage en santé mentale en amont de l’urgentologue, c’est tout un changement de culture », dit-il.
Le ministre Carmant est convaincu que ces changements permettront non seulement d'assurer un meilleur suivi en santé mentale mais aussi de libérer des lits d’hôpitaux.
« Les patients en santé mentale passent trop de temps dans nos urgences. [C]es séjours sont les plus longs du système. On peut être hospitalisé 40 jours, donc ça bloque les autres patients, qui sont incapables de monter aux étages », nous explique-t-il au cours d'une tournée qui l’a mené au CHUL, à Québec.
Lors de notre passage à l’urgence psychiatrique du CHUL avec le ministre Carmant, les 13 lits disponibles étaient tous occupés. Une dizaine de patients supplémentaires avec un problème de santé mentale se trouvaient à l’urgence normale en attendant leur hospitalisation en psychiatrie. Certains y avaient été emmenés par des policiers.
Lionel Carmant a été interpellé par des travailleurs de la santé, inquiets de l’augmentation du nombre de patients en crise depuis la pandémie. Son intervention a permis notamment d’ajouter un gardien de sécurité, mais il doit s’attaquer au problème de fond : l’urgence est trop souvent la seule porte d’entrée du réseau pour les patients désorganisés qui doivent obtenir des soins en santé mentale.
Il s'agit non seulement d'une question de sécurité mais aussi d’un problème d'espace.
« Les gens qui ont un problème de santé mentale sont classifiés comme [des cas] peu urgents, donc ils peuvent attendre une douzaine d’heures dans nos salles d’attente. Si on vient pour un problème d’anxiété ou de dépression, par exemple, on peut se désorganiser encore plus pendant ce temps d’attente-là. On doit les gérer plus rapidement et les réorienter vers d’autres services. »