L’exposition Fa…que, au cœur de l’héritage autochtone du peuple métis
Radio-Canada
Alliant techniques artistiques modernes et savoirs ancestraux, Daphne Boyer explore ses racines autochtones.
Quand on approche son regard sur l'œuvre baptisée Moss Bag Beading (Perlage sur sac en mousse), on jurerait voir de véritables perles. En fait, ce sont de minuscules baies sauvages collées et déposées de manière à former un ensemble de motifs floraux évoquant de visu les procédés du perlage traditionnel du peuple métis.
Le travail de l'artiste Daphne Boyer, 67 ans, consiste à combiner des matières végétales à des outils numériques haute résolution. Le résultat est illustré par des propositions originales sur lesquels les motifs hypercolorés (fleurs, baies, graines ou feuilles) sont imprimés à grande échelle.
À la maison, on a toujours été entourées de plantes, raconte Daphne Boyer en entrevue. Nous étions pauvres, mais nous avions toujours un énorme jardin. Ma mère a élevé ses enfants toute seule et nous soignait avec les plantes.
Présentée jusqu'au 8 octobre au centre MAI – Montréal, arts interculturels –, l'exposition rassemble des pièces maîtresses de l'artiste visuelle et phytologue (spécialiste en herboristerie) d'origine métis de la rivière Rouge au Manitoba.
Mon processus créatif me permet de raconter le récit de ma famille, dit-elle. C'est aussi une façon d'honorer l'histoire que je partage avec le peuple métis.
L'artiste insiste sur le rôle vital des femmes, porteuses des traditions autochtones. Dans le tableau à collage All My Relations, elle imbrique une multitude d'images comme autant de symboles intimes venus tout droit des Prairies.
Chacune d’elles souligne une histoire que ma mère nous racontait pour nous inculquer de bons comportements et des valeurs autochtones telles que l’importance du milieu naturel, la gentillesse, la générosité et l’humour.
Née en Saskatchewan, Daphne Boyer retrace œuvre après œuvre le passé de ses ancêtres, mais aussi l'avenir de toute une nation confrontée aujourd'hui à des défis majeurs. Son tableau Pour Jean Guy, titré en hommage au fils disparu d'une de ses amies, illustre avec émotion la crise des opioïdes qui frappe tout particulièrement les provinces de l'ouest du Canada. J'ai repris le symbole de l'infini du drapeau métis pour honorer son identité.