L'exode des infirmières vers les agences privées s'amplifie
TVA Nouvelles
Le nombre d’infirmières qui travaillent dans des agences privées a bondi de 19 % dans la dernière année seulement, une hausse jamais vue en 10 ans.
C’est ce que révèle le plus récent Rapport statistique sur l’effectif infirmier, produit par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et publié lundi.
Au 31 mars 2021, 2761 infirmières et infirmiers, au total, exerçaient la profession pour le compte d’une agence de placement de personnel ou de soins privés.
C’est 400 de plus que l’année précédente. Au total, le privé retient près de 10 % de toutes les infirmières de la province.
Le président de l’Ordre, Luc Mathieu, est catégorique. Il n’y a pas de pénurie d’infirmières, mais un problème de rétention.
« Ça fait 10 ans qu’il y a une augmentation régulière du nombre d’infirmières au Québec [...] Mais si on continue comme ça, on pourrait avoir 90 000 infirmières et décrier encore des situations de pénurie dans le réseau public », dit-il, appelant un vaste changement de culture et l’amélioration des conditions de travail.
Selon lui, les agences offrent « une porte de sortie » aux infirmières qui cherchent plus de contrôle sur leur horaire de travail, par exemple.
Mais il souligne que cette vaste migration est récente, car le nombre d’infirmières travaillant en agences était en baisse depuis le sommet de 2012.
Bien que « désastreux », ces chiffres ne sont pas « surprenants » pour le bioéthicien Bryn Williams-Jones, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. La pandémie a fait exploser un problème déjà existant dans le réseau, dit-il.