L’eldorado vert des déchets de l’exploitation de l’amiante
Radio-Canada
Même s'il n'y a plus d'extraction d'amiante au Québec depuis plusieurs années, les résidus laissés par cette exploitation pourraient s'avérer une véritable manne pour des compagnies minières de l'Estrie et de Chaudière-Appalaches. Alliance Magnésium, à Val-des-Sources, et ECO2 Magnesia, à Sacré-Coeur-de-Jésus, comptent transformer une partie des quelque 800 millions de tonnes de haldes minières en divers minéraux - nickel, magnésium, oxyde de magnésium, fer, etc. - et ce, pendant de nombreuses années.
Métallurgie Magnola avait tenté le coup il y a 20 ans, et avait même construit une usine pour se lancer dans la production de magnésium. Le projet avait toutefois échoué, et ses installations avaient été démantelées avant même d’avoir atteint leur plein potentiel de production. Alliance Magnésium est maintenant installée sur ce site; elle est convaincue de réussir là où Magnola a raté son coup.
C'est que la situation économique fait en sorte que la demande de magnésium est importante, ce qui était loin d’être le cas au début des années 2000, lorsque Métallurgie Magnola tentait de percer le marché.
Le marché mondial était alors à environ 300 000 tonnes de magnésium à l’époque, et aujourd’hui, il est à 1,2 million de tonnes. On parle d’un marché à très forte croissance. La production est concentrée en Chine, où il y a beaucoup de problèmes énergétiques, ce qui fait que les prix ont énormément augmenté. L'industrie de l'aluminium demande beaucoup de magnésium parce qu'elle a besoin d'alliage et elle est en rupture de stock, explique le président et chef des technologies chez Alliance Magnésium, Joël Fournier.
L’industrie automobile représente d’ailleurs un marché important pour le magnésium qui sera produit dans la MRC des Sources. Lorsqu'Alliance Magnésium fonctionnera à plein régime, en 2025, ce sont de 325 à 350 employés qui devraient produire 50 000 tonnes de magnésium par an.
Pour Marc Olivier, professeur-chercheur au Centre de transfert en écologie industrielle (CTTEI) et à l’Université de Sherbrooke, il n’y a pas de comparaison à faire entre le procédé développé par Alliance Magnésium et ce que proposait Métallurgie Magnola à l’époque.
Dans l’ancien procédé Magnola, il y avait des impacts environnementaux non négligeables. Vous avez eu une série de gens qui ont levé des codes d'alerte. Il y a avait [des risques] de faire des organochlorés [composés chimiques] de grande toxicité. Il n’y a rien de ça dans le procédé d’Alliance, signale M. Olivier.
Nous l’avons démontré en usine pilote, qui est en fonction depuis trois ans [...] Nous avons opté pour une technologie de séchage différente qui est reconnue pour ne pas émettre d'organochlorés, assure pour sa part le président d'Alliance Magnésium, Joël Fournier.
« Ça nous donne le procédé le plus propre au monde pour produire du magnésium. C'est quand même intéressant de pouvoir le faire comme ça plutôt que d'acheter le magnésium avec un grand impact environnemental en Chine ou en Russie. »