L’eau contaminée de Fukushima bientôt rejetée dans l’océan
Radio-Canada
L’Autorité japonaise de réglementation du nucléaire a entamé l’inspection finale des installations mercredi avant de donner le feu vert au projet controversé qui alarme les communautés locales de pêcheurs ainsi que les pays voisins comme la Corée du Sud et la Chine.
Tout est en place pour rejeter dans l’océan l’eau contaminée de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi dévastée en 2011 lors d’un tsunami suivant un tremblement de terre. Un tunnel sous-marin de déversement a été construit. L’opérateur du site, Tokyo Electric Power Company (Tepco), n’attend plus que l’approbation finale des autorités avant d’entamer le déversement cet été.
Douze ans après la catastrophe qui a provoqué la fusion des cœurs de trois réacteurs de la centrale, Tepco continue de refroidir les résidus nucléaires combustibles des réacteurs 1 et 3 en y faisant circuler de l’eau.
L’eau contaminée est jusqu’à maintenant emmagasinée dans de vastes cuves sur le site, mais la capacité totale de 1,3 million de tonnes d’eau sera bientôt atteinte.
Parmi la liste des mauvaises options difficiles à exécuter, ils ont décidé de rejeter dans l’océan l'eau traitée qui a été décontaminée, explique le Dr Kyle Cleveland, directeur de l’Institut d'études asiatiques contemporaines à l’Université Temple de Tokyo, qui suit le dossier depuis le tout début et qui a visité la centrale à quelques reprises ces dernières années. Ce n'est pas seulement la quantité d’eau en ce moment qui est un problème, mais c'est la quantité d'eau contaminée générée au fil du temps qui sera déversée sur un certain nombre d'années.
Le déversement imminent suscite la colère des communautés locales environnantes vivant de l’agriculture et surtout de la pêche. Ces communautés dévastées et évacuées en raison de la fumée radioactive en 2011 peinent à reprendre vie. Les pays voisins comme la Chine et la Corée du Sud ont aussi signalé leur inquiétude pour la faune marine.
L’opérateur de la centrale Fukushima-Daiichi, Tepco, essaie de se montrer rassurant en faisant valoir que les substances radioactives ont été traitées. En revanche, le niveau de certaines des 19 matières radioactives dans l’eau n’a pas été mesuré, ce qui suscite des craintes.
Pour ce qui est du tritium, matière qui ne peut pas être traitée ou enrayée dans l’eau, Tepco affirme que le niveau de contamination demeure minime après dilution dans le processus de traitement. Le niveau ne serait que d’à peine un septième de ce qui est jugé acceptable pour la consommation humaine par l’Organisation mondiale de la santé.
Je pense que c'est vraiment une question de légitimité et de confiance envers les autorités, explique le Dr Kyle Cleveland. Beaucoup de gens ne font tout simplement pas confiance à Tepco parce que leur crédibilité a vraiment été remise en question depuis le tout début de cet événement remontant à mars 2011. Ils avaient tendance à minimiser la gravité de la catastrophe.