L’aura de Carey Price plutôt que son ombre
Radio-Canada
Ce n’était plus une simple évocation, un songe, un souvenir. Carey Price était bien là, entre ses deux poteaux, à l’échauffement, s’adonnant à sa petite routine si particulière d’avant-match que chaque partisan un peu féru du Canadien connaît par cœur.
Il a pris place devant son filet, s’est adonné à ses petits pas de danse classique pour rendre la glace moins lisse, plus mordante dans son demi-cercle. Il l’a balayée le long des poteaux. L’échauffement n’était même pas vraiment commencé que Carey Price avait déjà eu droit à une ovation des partisans.
Puis, juste avant les hymnes nationaux, il en eut une deuxième. Puis, juste après les hymnes nationaux, une troisième. Et une ou deux autres fois pendant le match.
C’était vendredi soir au Centre Bell à quelques minutes d’un duel on ne peut plus insipide et insignifiant pour le classement final entre le CH et les Islanders de New York. Quelques heures après l’annonce du décès d’une légende du hockey, Mike Bossy.
L’air était lourd, chargé. Pas de nervosité, pas d’anticipation névrosée. Simplement intense, palpable, lourd quoi, on vous l’a déjà dit.
Carey Price donc, neuf mois après une opération à un genou supposément mineure, six mois après s’être retrouvé en cure de désintoxication, était bel et bien là. Et, de l’amour, il en recevait autant que vous vous apprêtez à donner de chocolats à vos enfants dans les prochains jours. Sauf que Carey Price ne vous empêchera pas de dormir ni ne vous donnera mal à la tête…du moins, on l’espère.
Ça fait du bien de se sentir désiré, a lâché le principal intéressé, comme dans une espèce de cri du cœur. Ah ça, difficile de le contredire, mais, juste un instant.
Ne le savait-il pas? Ne savait-il pas que la province l’appelait de ses vœux? Que ses coéquipiers l’attendaient comme leur dernière bouée de secours, non pas pour survivre à cette saison, mais juste pour prendre une dernière bouffée d’air frais avant de couler benoîtement.
Le cœur et l’âme, a laissé tomber Martin St-Louis.