L’Arabie saoudite pourrait-elle gracier Raïf Badawi ?
Radio-Canada
Même si l'Arabie saoudite a confirmé samedi matin que Raïf Badawi ne pourra quitter le pays pendant 10 ans, de l'espoir demeure quant à sa venue au Canada, selon une chercheuse de l'Université de Sherbrooke.
Sylvana Douaihy, chercheuse au Centre de recherche société, droit et religion de l'Université de Sherbrooke croit que le royaume saoudien pourrait accorder sa grâce au blogueur et lever son interdiction de voyager.
Ce qui a été annoncé par l'Arabie saoudite, c'est ce à quoi on s'attendait. On interdit habituellement à tous les défenseurs des droits humains de voyager après leur sortie de prison. [...] Dans le cas de M. Badawi, comme dans d'autres, il peut être gracié. Habituellement, quand le ramadan approche, le roi peut gracier certaines personnes qui ont été condamnées pour toutes sortes de délits ou de crimes.
« On ne sait pas si M. Badawi pourrait bénéficier de cette tradition, qui est très présente au royaume. »
S'il n'a pas droit à ce traitement, qui est accordé en fonction du choix du royaume saoudien, Raïf Badawi devra se rabattre sur le tribunal pour espérer voir ses conditions de remise en liberté levées, ajoute la spécialiste.
Il faut faire appel au tribunal pour voir s'il peut revenir sur sa décision, mais pour le moment, rien n'indique qu'il y a de fortes chances que ce qui a été décidé soit changé, a fait savoir Sylvana Douaihy.
À la suite de la libération de Raïf Badawi, vendredi, Amnistie internationale a réitéré sa volonté de faire pression sur l'Arabie saoudite afin que Raïf Badawi puisse sortir du pays. De plus, l'organisme demande au Canada d'entreprendre des actions plus concrètes visant à influencer le royaume.
La chercheuse au Centre de recherche société, droit et religion de l'Université de Sherbrooke croit cependant que ce n'est pas si simple pour Ottawa d'influencer l'Arabie saoudite.
M. Badawi n'est pas citoyen canadien et même s'il l'était, l'Arabie saoudite ne reconnaît pas la double citoyenneté en vertu du droit international. Alors le Canada peut continuer à faire de la pression comme n'importe quel autre pays dans ce dossier, pour demander la levée des conditions de libération, mais c'est le maximum qui peut être fait pour le moment, soutient-elle.