L’après-Joyce Echaquan
Radio-Canada
À Joliette et à Manawan, on espérait que la honte et l'indignation soulevées par la mort de Joyce Echaquan allaient se transformer en moteur de changement. Douze mois plus tard, la situation demeure fragile et il n'est pas simple de bâtir des ponts.
La femme de 37 ans est morte dans des circonstances troubles, sous les insultes de membres du personnel soignant. Les images de ses derniers moments ont eu l'effet d'un électrochoc.
Il y a un éveil qui s'est fait, il y a l'après-Joyce, lance Jolianne Ottawa, qui travaille au centre de santé Masko-Siwin de Manawan. L'infirmière atikamekw nous a donné rendez-vous chez elle, au cœur de la réserve de Manawan. Selon elle, les membres de sa communauté sont plus conscients de leurs droits, mais ils restent écorchés vifs par le drame de Joyce Echaquan.
Je pense qu'on est encore dans la plaie qu'on est en train de nettoyer, qu'il faut reconnaître qu'il y a une blessure.
L'infirmière de 42 ans est plus que jamais animée par le devoir de défendre les droits de ses patients. Ce dont j'ai pris conscience, c'est beaucoup le rôle d'advocacy [défense des droits], et ça fait partie du rôle d'une infirmière. Je l'avais, j'ai toujours défendu mes patients, mais là, ça a passé à un autre step [niveau]. Il y a des choses qui ne passent plus, précise-t-elle.
À quelque 200 kilomètres de là, à Joliette, le malaise qui s'est installé à l'hôpital persiste. Il y a comme quelque chose de vide en dedans de moi sur le "on fait quoi maintenant"?, confie Mélanie Perreault, infirmière depuis 14 ans à l'hôpital de Joliette. Les intentions sont belles, mais comment le faire concrètement? Ce n'est pas si simple, poursuit-elle.
On a peur de faire un faux pas, peur de dire un mot de travers pour pas se faire reprocher des choses, mais aussi pour ne pas les blesser.