L’Alberta a demandé l’aide de l’armée pour démanteler le barrage de Coutts, en vain
Radio-Canada
Incapable de trouver des dépanneuses pour déplacer les camions qui bloquaient le passage vers un poste frontalier de Coutts, en Alberta, le gouvernement de l'ex-premier ministre Jason Kenney et la GRC se sont tournés vers les Forces armées canadiennes (FAC), l'hiver dernier, dans l'espoir qu'elles leur fournissent l'équipement nécessaire, mais en vain.
Des preuves à cet effet ont été présentées jeudi matin lors de l'interrogatoire de l'ancien sous-ministre adjoint au ministère de la Justice et du solliciteur général de l’Alberta, Marlin Degrand, par le procureur de la Commission d'enquête sur l'état d'urgence Jean-Simon Schoenholz.
La GRC a contacté les FAC (Ottawa) pour obtenir de l'aide pour le retrait des camions bloquant le passage Coutts (Ottawa est réticent), peut-on lire, par exemple, dans un échange de courriels entre fonctionnaires albertains.
Une lettre transmise le 5 février par le ministre provincial des Affaires municipales, Ric McIver, à ses homologues fédéraux Marco Mendicino (Sécurité publique) et Bill Blair (Protection civile) indique que le gouvernement Kenney était à l'époque à la recherche de ressources supplémentaires pour remorquer les poids lourds.
La lettre explique que la GRC a été incapable d'obtenir l'aide de compagnies privées de dépannage, leurs propriétaires étant inquiets d'en subir les conséquences s'ils consentaient à appuyer les autorités. Plus encore, des chauffeurs de dépanneuses ont même affirmé à la GRC qu’ils étaient payés pour ne pas aider les forces de l'ordre, a déclaré M. Degrand à la commission, en amont des audiences publiques.
La missive du 5 février – qui, selon M. Degrand, faisait suite à des discussions informelles entre les deux ordres de gouvernement – ne mentionnait toutefois pas précisément l'aide de l'armée. Mais la réponse de Bill Blair, elle, laisse entendre que le recours aux forces armées faisait bel et bien partie des discussions.
J'ai parlé avec la ministre de la Défense [Anita Anand] et elle a convenu de l'importance et de l'urgence d'une réponse des FAC, a écrit le ministre de la Sécurité publique, le lendemain, dans un texto adressé à Rick McIver. Elle doit parler avec le chef d'état-major ce matin et elle nous informera par la suite.
Officiellement, la lettre du gouvernement Kenney n'a jamais obtenu de réponse. Mais dans un brouillon déposé en preuve à la commission, le fédéral avait déterminé, après avoir discuté avec les FAC, que celles-ci n'avaient ni le type d'actifs ni l'expertise nécessaire pour répondre à la requête sans courir de risques significatifs.
Interrogé au sujet de ce document, jeudi, le sous-ministre adjoint Degrand, qui a été muté à un autre ministère depuis les événements de l'hiver dernier, s'est montré surpris, étant donné que le détachement des FAC en Alberta était, selon [sa] compréhension, capable de déplacer des tanks.