L’acquittement de Johanne Johnson et les limites de l’opération « Mr Big »
Radio-Canada
L’opération de type « Mr Big » qui a mené à l’arrestation de Johanne Johnson, accusée d’avoir tué son mari, aura coûté près de 163 500 $ et s’est déroulée, au total, sur une période d’environ six mois. La preuve obtenue a néanmoins été exclue par le juge Carl Thibault le 21 décembre, ce qui a mené à l’acquittement de l’accusée. Voici quelques éléments qui expliquent pourquoi.
La décision de 184 pages du juge Thibault résume d’entrée de jeu les faits avant de s’attarder au déroulement de l’opération qui ciblait Mme Johnson, intitulée Projet Esturgeon.
Comme le prévoit ce type d’opération, la principale intéressée a été recrutée par une organisation criminelle fictive composée d’agents d’infiltration de la police criminelle. Au total, 51 scénarios seront déployés du 6 décembre 2012 au 19 juin 2013.
On vise à faire la lumière sur le meurtre de James Dubé, retrouvé mort d’une balle à la nuque alors qu’il dormait sur le canapé de la résidence familiale de Grande-Rivière, en 1998.
Sa femme, qui explique dans la cadre de l’opération avoir subi de la violence conjugale pendant dix ans, est alors la principale suspecte du meurtre. Elle est aussi la dernière personne à l'avoir vu vivant.
Selon le juge, la conduite des agents prenant part à l’opération Mr Big a constitué un abus de procédures. Dans son jugement, il relève plusieurs faits soutenant ce point de vue.
Le Tribunal ose également croire que si les agents avaient bénéficié des enseignements de l’arrêt Hart, ils auraient été plus prudents au moment d’élaborer l’opération visant Johanne Johnson, peut-on lire dans la décision.
Cet arrêt de la Cour suprême, qui date de 2014, balise désormais les paramètres entourant le recours à une opération de type Mr Big, une méthode canadienne utilisée depuis le début des années 1990.
Le premier contact entre les policiers et la suspecte survient à l’extérieur de sa résidence. La principale agente d’infiltration de l’opération joue alors le rôle d'une dame cherchant à retracer sa sœur afin de lui annoncer une mauvaise nouvelle. Ne connaissant pas les environs, elle sollicite l’aide de la Gaspésienne.