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L’accumulation des sels de déglaçage dans les lacs menace ceux qui y vivent
Métro
Le Canada épand des millions de tonnes de sels de déglaçage sur les routes chaque année or cela provoque de la pollution saline qui peut devenir toxique pour certains organismes d’eau douce. Marie-Pier Hébert, stagiaire post-doctorale à l’Université du Vermont et à l’UQAC, étudie la question dans un article publié dans le média académique La Conversation.
ANALYSE – Comme bien des pays qui ont des hivers froids, le Canada épand des millions de tonnes de sels de déglaçage sur les routes chaque année. Bien qu’on ne les voit plus sous nos pieds au printemps, les sels de voirie ne disparaissent pas par magie: ils se dissolvent, ruissellent et s’accumulent (en partie) dans les plans d’eau.
La pollution saline peut toutefois devenir rapidement toxique pour certains organismes d’eau douce.
Certaines espèces d’animaux microscopiques, comme le zooplancton crustacé (incluant les fameuses «puces d’eau»), peuvent être sensibles à l’augmentation de la salinité dans leur milieu. La perte de ces petits brouteurs aquatiques pourrait entraîner d’importantes conséquences environnementales, comme la prolifération d’algues (normalement broutées par le zooplancton) ou la réduction d’apport alimentaire pour les jeunes poissons.
En tant qu’écologiste aquatique, j’étudie comment les écosystèmes et les organismes d’eau douce répondent aux changements mondiaux. Avec des collègues d’une vingtaine d’universités dans le monde, comprenant une équipe du groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL) à l’UQAM et à l’Université McGill, j’ai participé à une série d’études internationales afin de mieux comprendre la réponse du plancton d’eau douce à la salinisation.
Souvent mesurée sous forme de chlorure (ion communément retrouvé dans les sels), la salinité de plusieurs lacs, rivières, étangs et milieux humides augmente progressivement en raison des activités humaines. Les causes sont multiples. Le ruissellement des sels de déglaçage (comme le chlorure de sodium) épandus en hiver peut jouer un rôle majeur dans les régions plus froides, mais d’autres pratiques comme l’application d’engrais agricoles, l’extraction minière, l’élévation du niveau de la mer ou le déboisement des terres contribuent aussi à la salinisation des eaux douces.
Le hic, c’est qu’une fois que les sels infiltrent nos réserves d’eau douce, il est difficile, voire parfois impossible, de les extraire. La contamination par le chlorure peut persister pendant des décennies. L’accumulation des sels de déglaçage, par exemple, peut entre autres poser problème pour la gestion d’eau potable et la libération de substances nocives dans les plans d’eau. De fait, la salinisation des eaux douces représente aujourd’hui un enjeu environnemental au niveau mondial.