L’étau se resserre sur l’industrie pétrolière au Canada
Radio-Canada
Sachant que le Canada est le 4e producteur mondial de pétrole, dites-vous bien qu’une baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 31 % en 2030 par rapport à 2005 serait un accomplissement exceptionnel, une véritable révolution économique, énergétique et environnementale. Nous sommes en 2022, et tout le travail reste à faire.
En fait, la baisse ciblée n’est pas de 31 %, mais plutôt de 42 %, puisque le secteur du pétrole et du gaz a augmenté ses émissions de GES de 2005 à 2019, passant de 160 à 191 mégatonnes de CO2. La pente est donc abrupte et plutôt courte, puisque le secteur doit réduire ses émissions à 130 mégatonnes en 2030, dans 8 ans.
L’objectif de réduction qui a été annoncé dans le plan du ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, mardi est ambitieux. Il est vrai que la baisse de 31 % est plus faible que l’objectif total de réduire les émissions de 40 à 45 % en 2030 par rapport à 2005. Mais on ne peut pas sous-estimer les efforts énormes qu’exige la sortie du pétrole pour un pays comme le Canada.
Il y a tant à faire. Ottawa mise d’abord sur la hausse du prix du carbone, qui doit atteindre 170 $ la tonne en 2030. Cette pression financière va grandir avec le temps et rendre de moins en moins intéressant le développement des hydrocarbures.
Ensuite, le gouvernement prévoit imposer un plafond d’émissions pour le secteur du pétrole et du gaz, et entend investir dans la construction de pipelines de CO2 pour le stockage du carbone. Ottawa mise également sur la réduction des émissions de méthane de 45 % en 2025, de 75 % en 2030, par rapport à 2012.
Le gouvernement fédéral ne dit pas clairement qu’il faut réduire la production. Il parle de la nécessité pour le secteur de travailler à la transition ou à la diversification de ses activités.
Au sujet du plafond d’émissions pour le secteur, il est écrit dans le plan de Steven Guilbeault que l’objectif du plafond n’est pas d’apporter des réductions de la production qui ne sont pas motivées par des baisses de la demande mondiale.
Or, si la tendance se maintient, la demande mondiale va baisser. Comme on l’évoque dans le plan gouvernemental, l’Agence internationale de l’énergie prévoit que pour limiter le réchauffement à moins de 1,5 degré, la demande globale de pétrole devra diminuer de 100 millions de barils par jour en 2020 à 24 millions d’ici 2050.
C’est une réduction majeure de la production qui s’annonce donc d’ici 30 ans. Et c’est une réduction qui est absolument nécessaire pour espérer réduire nos émissions de gaz à effet de serre et atteindre nos objectifs climatiques. Le secteur du pétrole et du gaz est celui qui émet le plus de GES au pays, avec 26 % des émissions totales.