
L’éloge du fil, une exposition à la fibre artistique
Radio-Canada
Revisiter le fil sous toutes ses coutures : c’est la proposition explorée par une douzaine d’artistes en métiers d’art originaires du Québec et de l’Outaouais. Leurs œuvres sont installées jusqu’au 17 octobre à Gatineau, où l’Espace Pierre-Debain accueille la troisième édition de la Triennale en métiers d’art, L’éloge du fil.
Un des buts de la Triennale est de faire découvrir au public ce que sont les métiers d'art. On a beaucoup de galeries pour les arts visuels, beaucoup moins pour les métiers d’arts. Peu de lieux de diffusion et peu de gros événements comme celui-ci leur sont consacrés, fait valoir la responsable arts visuels et patrimoine à la Ville de Gatineau, Josée Prud'homme.
Dès la première salle d’exposition, les œuvres qui accueillent les visiteurs semblent se répondre. L’éclat et la lumière de la série Lumen, de Kathy Ouellette, conversent avec la fragilité des œuvres de Paula Murray, de frêles parchemins de céramiques liés de façon ténue par un fil rouge, que jouxte un bol craquelé, dont les fissures évoquent les blessures de l’existence.
Dans cet espace au cœur de l’édifice patrimonial qu’est le Centre culturel du Vieux-Aylmer, la scénographie a été pensée à la réception des pièces présentées. On a joué des contrastes en installant les œuvres, mentionne Mme Prud'homme. On a opté pour des mises en scène intimistes par moments, et plus spectaculaires à d’autres.
Parcelles et Winnipeg, la constellation, deux grands tricots jacquards élaborés à partir d’images satellites de territoires canadiens par l’artiste de la relève québécoise Mylène Michaud, s’avèrent particulièrement saisissantes. À travers l’inattendue parenté entre la maille et le pixel, elles offrent aux visiteurs d'étonnantes toiles textiles numériques.
Fil d’Ariane de cette démarche artistique : interroger notre relation au numérique et au temps avec, pour point de départ, des images prises sur Google Earth. Mon intérêt, c’est de partir de quelque chose d’immatériel, d’accessible en deux secondes sur le web, d’une image que je vais prendre du territoire, de quelque chose qui est très concret à la base, qui est transmis en virtuel [...] puis d’aller, moi, matérialiser cela, pendant des jours et des soirs et des semaines, explique Mylène Michaud.
C’est d’une tout autre manière que le passage du virtuel au tangible a également inspiré Thoma Ewen, artiste tisserande bien connue dans la région outaouaise. Elle raconte comment l’image de L’Offrande, tissée de fils de laine et de coton, trouve son origine dans des séances organisées… sur Zoom.