L’économie canadienne fait bonne figure, malgré la guerre en Ukraine
Radio-Canada
La guerre en Ukraine a freiné la reprise de l’économie mondiale, mais le Canada s’en tire à bon compte, selon l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Pierre-Luc Gourinchas.
Dans une entrevue à l’émission Les coulisses du pouvoir, il avance que le Canada tire bénéfice de sa position de producteur et d’exportateur d’énergie. Pour cette raison, sa croissance devrait atteindre 3,9 %. Pour 2022, nous avons une révision de croissance pour le Canada qui est très modeste, de l'ordre de 0,2 point de pourcentage. En comparaison, le FMIFonds monétaire international a réduit de 1,1 % les perspectives de croissance de l’économie de l’Union européenne.
N’empêche, les consommateurs canadiens et particulièrement ceux à faible revenu sont touchés par le conflit qui a accentué la hausse des prix de l’essence et des denrées alimentaires.
Le gouvernement fédéral doit maintenant jongler avec une nouvelle réalité, constate le représentant du FMIFonds monétaire international.
« Il faut arriver à naviguer cette espèce de tension entre, d'un côté, retirer les mesures de soutien très généreuses et très larges qui avaient été mises en place [pendant la pandémie] et, de l'autre côté, mettre en place des mesures de soutien ciblées sur les produits alimentaires et le prix de l'énergie pour protéger les ménages les plus vulnérables. »
L’économie mondiale a généralement bien rebondi du choc provoqué par la propagation de la COVID-19. En janvier, le FMIFonds monétaire international s’attendait à une croissance de 4,4 % en 2022-2023, mais il a abaissé ses prévisions de 0,8 %, à 3,6 %, à cause de la guerre.
Plusieurs nuages pourraient cependant assombrir ce pronostic. Une intensification du conflit en Ukraine avec un accroissement des sanctions contre la Russie en est un. Un variant plus mortel de la COVID-19 pourrait également nuire à l’économie mondiale. Et il y a l’inflation qui fait des ravages et que les banques centrales cherchent à contrôler.
Pierre-Olivier Gourinchas ne s’attend pas à ce que l’inflation revienne à un taux annuel de 2 % en 2022. Elle pourrait s’en approcher en 2023, sans en franchir le seuil. Néanmoins, elle ne sera peut-être plus à 8, 9 ou même 10 % comme on risque de le voir dans les mois à venir.
Au Canada, le taux d’inflation a atteint 6,7 % en mars, du jamais vu en plus de trois décennies. Dans la zone euro, la hausse des prix a franchi le cap des 7,5 % alors qu’elle est passée à 8,5 % aux États-Unis. Le resserrement monétaire par les banques centrales fait craindre une récession dans certains pays.