L’école québécoise: histoire d’une psychose collective
TVA Nouvelles
Si de la dernière négociation dans le secteur public on ne doit pas s’attendre au redressement de la situation, elle aura tout de même eu le mérite de révéler au grand public la dynamique dans laquelle est en train de s’empêtrer notre école publique.
L’éducation en étant le socle, la société tout entière en sera affectée si nous n’agissons pas immédiatement. Cette école dont nous devrions être fiers et qui a fait de nous ce que nous sommes; une société prospère, éduquée, créative et rayonnante à l’échelle mondiale, s’appauvrit et se désagrège face à une concurrence déloyale, celle d’une école dite privée, subventionnée à plus de 60 %.
La popularité montante de cette dernière a suscitée une troisième voie, celle des programmes particuliers, qui crée une ségrégation au sein même de l’institution publique.
Soixante ans après le rapport Parent qui prônait l’accessibilité et les chances égales pour tous, notre système d’éducation est devenu le plus inégalitaire au Canada (étude l’IRIS de 2022). Constat plutôt paradoxal pour une province qui s’enorgueillit de son modèle social-démocrate.
Tout le psychodrame qui se joue au sein des familles et que l’on fait vivre aux enfants qui croient jouer leur avenir en se préparant aux tests d’admission des « bonnes écoles » secondaires, repose sur de faux diagnostics.
On prétend souvent que notre système est inefficace. Pourtant, les tests internationaux (PISA de l’OCDE) démontrent clairement depuis vingt ans que l’école québécoise (publique et privée confondue) est parmi les plus performantes du monde occidental.
Contrairement à ce que véhiculent nombre de chroniqueurs qui parlent de « nivellement par le bas », l’école d’aujourd’hui est plus rigoureuse et exigeante qu’avant. Il en est des programmes d’études comme des stratégies pédagogiques. Les élèves sont aussi beaucoup mieux encadrés.
De plus, les nostalgiques du cours classique oublient peut-être que les études chez les francophones étaient jadis réservées à minorité bourgeoise. Les Québécois des classes ouvrière et rurale de la génération de mes parents ne lisaient pas, écrivaient avec difficulté et s’exprimaient de manière laborieuse. Aujourd’hui, les jeunes ne connaissent pas tous Voltaire mais s’expriment dans un français beaucoup plus articulé (meilleure syntaxe et vocabulaire plus riche). Je suis né dans une société sous-scolarisée qui diplôme aujourd’hui 85 % des jeunes adultes (après raccrochage). Le décrochage encore trop élevé à près de 15 % était de 40 % dans les années 1970. Il est toujours bon de remettre les choses en perspective.
Qu’est-il donc arrivé pour que l’on perde confiance en cette institution phare de la Révolution tranquille? C’est que depuis vingt ans elle est mise à mal par un torpillage médiatique accélérant le « gonflement » du privé.