
L’écoanxiété : un malaise à étudier et pour lequel on peut s’outiller
Radio-Canada
Les changements climatiques et leurs conséquences, notamment les feux de forêt extrêmes, les inondations historiques ou encore le dôme de chaleur qu’a connus la Colombie-Britannique, peuvent engendrer une forme d’anxiété dans la population. Plusieurs spécialistes cherchent maintenant à étudier le phénomène pour mieux outiller ceux qui en souffrent.
L’écoanxiété, c’est la détresse émotionnelle que les gens ressentent et qui résulte d’une peur et d’une appréhension des impacts des changements climatiques, explique le professeur adjoint à l’Université Simon Fraser et directeur de l’Alliance pour la santé mentale et le changement climatique, Keiffer Card.
Chez Lourdenie Jean, fondatrice de la plateforme L’environnement, c’est intersectionnel, l’écoanxiété se manifeste souvent par des rêves dystopiques où elle se retrouve prise au piège par un ouragan et qu'elle n'arrive pas à retrouver sa famille.
C’est vraiment récent que je me permets de nommer [l'écoanxiété] comme ça, dit-elle, précisant qu'il est généralement plus complexe pour les membres des communautés autochtones et racisées de reconnaître les symptômes associés à l’écoanxiété.
C’est plus difficile souvent pour les communautés racisées de se sentir interpellées par la façon dont on définit l’écoanxiété parce que c’est difficile de détacher cette anxiété-là des autres types d’anxiété que leur marginalisation leur fait vivre, dit-elle.
Elle explique, par exemple, que certaines solutions environnementales mises de l’avant ne tiennent pas compte des réalités de nombreuses communautés.
C’est entre autres le cas, illustre-t-elle, lorsque des initiatives sont lancées pour décourager la population de consommer de l’eau embouteillée alors que des communautés autochtones n’ont toujours pas accès à l’eau potable ou que des communautés racisées vivent dans des quartiers pauvres où ils craignent pour la salubrité de l’eau.
« Ultimement, je ne pense pas que ce soit nécessaire que les gens s’approprient ce terme, mais je pense que c’est important qu’on se sente concerné. »
C’est notamment pour cette raison que l’infirmière et assistante à l’enseignement à l’Université de la Colombie-Britannique Natania Abebe a décidé d’inclure les témoignages de plusieurs personnes issues de communautés diverses dans son projet de boîte à outils pour mieux comprendre l’écoanxiété.