Longueuil doit trouver un milliard $ pour répondre à ses besoins en eau
Radio-Canada
Longueuil craint de ne pas suffire à la demande d'eau si elle continue son développement sans mettre à niveau et agrandir rapidement ses infrastructures désuètes, révèlent des documents internes obtenus par Radio-Canada. L'agglomération approche déjà les limites de ses capacités, à la fois pour la fourniture d'eau potable et la gestion des eaux usées.
La première préoccupation concerne l'usine d'eau potable de la rue Châteauguay qui dessert le Vieux-Longueuil. Datant de 1942, elle a un risque de défaillance très élevé, selon le gouvernement du Québec. Ses réserves d'urgence sont à la limite. Si un bris provoque un arrêt de production d'eau, son autonomie est de sept heures.
Les deux autres usines de l'agglomération pourraient combler une partie de l'approvisionnement, mais elles sont elles-mêmes déjà très sollicitées. Au total, les usines sont à 83 % de leur capacité. Celle du Vieux-Longueuil, la plus petite, est à 92 % de la limite. Or, c'est dans ce secteur qu'on anticipe la plus forte croissance de population.
Un des documents de la direction de la gestion des eaux de la Ville de Longueuil révèle qu'il faudrait augmenter de 72 % les capacités en eau potable de cette usine, située rue Châteauguay, de 32 000 m3 à 55 000 m3. Une reconstruction en plus grand est nécessaire et il faudrait commencer les travaux dès l'an prochain.
Le défi se pose aussi pour l'eau qui va aux égouts. L'usine d'épuration des eaux usées arrive « au bout de ses capacités » et doit se développer de 21 %, en plus de répondre à de nouvelles exigences réglementaires comme la désinfection des eaux usées renvoyées au fleuve.
« Il s’agit d’un chantier titanesque à réaliser avec un échéancier serré. [...] D’ici 2061, plus de 77 000 nouveaux logements sont attendus sur le territoire de l’agglomération, ce qui représente un accroissement de population d’environ 170 000 personnes (39 %). »
Nous avons appris que, durant l'été, l'usine d'épuration des eaux usées, située sur l'île Charron, a reçu tellement de boues qu'elle a manqué de déborder et de polluer le fleuve. La mairesse, craignant un risque environnemental majeur, a dû puiser dans son fonds discrétionnaire pour débloquer de l'argent rapidement afin de traiter ces boues dans une unité modulaire.
C'est un défi majeur dans les prochaines années, explique la mairesse Catherine Fournier, en entrevue, dans un contexte où les villes ont une obligation de densifier et de construire pour répondre à la pénurie de logements.
Elle confirme que, si Longueuil développe le quartier autour du métro sans mettre à niveau son usine d'eau potable, il n'y aura pas assez d'eau pour tout le monde.