
Kosmos, Pink Floyd et l’ascension d’Alain Simard vers le FIJM
Radio-Canada
1971 est une année importante dans l’histoire du rock à l’échelle mondiale, et le Québec n’y fait pas exception. Alors que Pink Floyd est venu visiter la province pour la toute première fois, cette année-là, à l’invitation de Kosmos, de jeunes rêveurs de la ville de Québec, un de leurs partenaires montréalais a commencé à s’établir comme un incontournable de l'industrie musicale : Alain Simard, le futur cofondateur du Festival International de Jazz, des Francos et de Montréal en lumière.
Au tout début de l’année 2021, un article paru dans La Presse m’a fait réagir. Il évoque 1971, une année que l’on dit charnière dans l’histoire du rock, mais décevante dans l’histoire musicale du Québec.
Ça m’a chatouillé parce qu’on y ressasse beaucoup d’idées reçues, mais non fondées sur la production musicale du Québec. Des idées selon lesquelles le Québec ne produisait pas de bon rock en 1971 et qu’on a dû attendre 1974, et l’arrivée des Beau Dommage et de Harmonium, pour que la musique rock québécoise devienne pertinente.
Rien n’est plus faux, bien sûr. Charlebois, Pagliaro, Dionysos, Morse Code, Offenbach, Ferland, Dubois et une panoplie d’autres artistes étaient en activité en 1971.
Mais c’était aussi une époque d’underground. Une époque d’émergence de la contre-culture. Un moment où des communes de retour à la terre constituaient un terreau fertile d’ovnis musicaux comme L’Infonie, le Jazz Libre du Québec, Les Champignons… mais aussi de maisons de production. C’est le cas de l’entreprise Kosmos, active dans la région de Québec en particulier, et dont le cœur battant se situait dans une commune de Saint-Isidore, en Beauce.
En novembre 1971, Kosmos a produit les deux premiers spectacles de Pink Floyd sur le sol québécois. Et dernièrement, plusieurs ont souligné à quel point ces événements ont été marquants. Ces spectacles ont catapulté dans les hautes sphères l’entreprise de production qui a ensuite nourri avec abondance l’appétit que le Québec a développé pour le rock progressif.
Parce qu’après Pink Floyd, ce sont les mêmes jeunes hippies de Kosmos qui ont aussi amené Genesis au Québec pour la première fois, puis le groupe britannique Gentle Giant.
Si ces trois géants – excusez le jeu de mot – n’avaient pas visité le Québec au début de la décennie sous l’impulsion des fous de Kosmos, la province aurait-elle connu la vague d’amour qu’elle a démontrée envers le rock progressif par la suite? Nul ne peut vraiment le dire, mais Kosmos n’y aura certainement pas nui, au contraire!
Étrangement, sans le savoir, j’ai parlé de Kosmos et de son influence dans une chronique relatant l’histoire d’amour entre Genesis et le Québec, en novembre dernier, alors que Phil Collins et sa bande – sans Peter Gabriel – sont passés à Montréal pour deux concerts au Centre Bell. Après la parution de cette chronique, les éditions Septentrion m’ont contacté : ils avaient fait paraître un livre quelques mois auparavant sur la compagnie qui avait produit ces spectacles. C’est alors que j’ai entendu parler de Kosmos pour la première fois de ma vie!