Kazakhstan : le président appelle à une réforme de la Constitution
Radio-Canada
Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a plaidé vendredi pour un référendum sur des réformes constitutionnelles visant à la fondation d'une « deuxième république », après les émeutes et manifestations meurtrières qui ont secoué le pays en janvier.
M. Tokaïev, autrefois considéré comme un fidèle de l'ancien homme fort du pays, l'octogénaire Noursoultan Nazarbaïev, a renforcé sa position à ses dépens depuis la grave crise politique du début de l'année, au cours de laquelle plus de 200 personnes ont péri.
M. Tokaïev a estimé que les réformes qu'il entend faire passer, qui visent à donner plus de poids au Parlement, à affaiblir l'exécutif et à revenir sur le statut dont bénéficie toujours M. Nazarbaïev, vont conduire à l'établissement d'une deuxième république et rendent par conséquent nécessaire la tenue d'un référendum.
Le référendum permettra à chaque citoyen de participer directement à la décision sur l'avenir du pays et [...] à la construction d'un nouveau Kazakhstan, a-t-il déclaré, sans mentionner de date pour la tenue du vote.
Environ un tiers de la Constitution fera l'objet de modifications avec pour objectif de faire du Kazakhstan une république présidentielle avec un Parlement fort, plutôt qu'un État super-présidentiel, a-t-il plaidé. Nombre de critiques doutent toutefois que le système autoritaire mis en place par M. Nazarbaïev évolue réellement.
M. Tokaïev s'est par ailleurs engagé à respecter la loi interdisant actuellement aux présidents d'effectuer plus de deux mandats, contrairement à M. Nazarbaïev, qui ne s'était pas plié à cette règle.
Plus de 200 personnes avaient été tuées début janvier dans des émeutes et des manifestations violemment réprimées, avec l'aide de troupes russes venues en renfort. Ces troubles ont donné lieu à des spéculations sur une possible brouille entre l'ancien président, qui dirigeait le Kazakhstan depuis 1990, et son dauphin, qui lui a succédé en 2019.
Les deux hommes démentent tout conflit, mais des proches de l'ancien président ont perdu des postes lucratifs ou de pouvoir à la suite de récents remaniements.
Le président de la Chambre basse du Parlement Ierlan Kochanov a déclaré cette semaine que M. Nazarbaïev perdrait son statut privilégié de chef de la nation si les amendements constitutionnels étaient adoptés.