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Karim Ouellet : le Québec perd un surdoué de la musique, authentique et sensible
Radio-Canada
Je me souviens de ce jeune musicien rencontré en 2007. J’étais journaliste attitré à la couverture d’une tournée organisée par l’émission Bande à part, de Radio-Canada. Ça s’appelait 93 tours. On se déplaçait un peu partout au Québec avec trois beatmakers pour aller enregistrer des tounes de rap dans la rue, devant public.
Le beat était créé le soir d’avant, genre dans une chambre d’hôtel. Boogat, Mash (de son vrai nom Thomas Gagnon-Coupal) et DJ Horg collaboraient pour sortir quelque chose d’original et d’efficace.
Le lendemain matin, notre véhicule récréatif de tournée se transformait en studio mobile. On s’installait dans un lieu public, un parc, un stationnement… et deux ou trois rappeurs venaient nous rejoindre. Ils écoutaient le beat et se mettaient à écrire.
Je crois que c’est à Granby qu’on l’a rencontré. Quand il est arrivé, il avait l’air de rien. De rien, parce qu’il était d’une douceur et d’une gentillesse que les autres rappeurs ne démontraient pas. Ce je-ne-sais-quoi, c’était probablement la force de la vulnérabilité; c’était assurément une authenticité et une humilité.
Lorsqu’il a commencé à réciter tout haut les paroles qu’il venait de gribouiller dans son cahier, il a tout de suite capté mon attention. Alors qu’il y avait du brouhaha autour de nous, des rappeurs, des techniciens, du public dehors, une ambiance foisonnante, autour de lui, ça s’est apaisé.
Il avait un autre ton, des images différentes, un univers créatif qui n’était pas celui auquel la culture hip-hop m’avait habitué. J’avais l’impression qu’il rappait de la chanson.
Ensuite, il a cherché un refrain. Cette voix. Angélique, feutrée. Mais quel talent!, que j’me disais. Ils sont rares les rappeurs qui peuvent aussi chanter. Et si bien écrire. Puis il a sorti sa guitare. Il a plaqué quelques accords pour l’aider à composer une mélodie vocale pour le refrain. Il jouait super bien. J
J’étais impressionné et surpris de découvrir cette douance, alors que je n’avais jamais entendu parler de lui. Il s’appelait Karim Ouellet, et je savais que c’était un nom à retenir.
Je l’ai revu avec le collectif Movèzerbe au Festival de musique émergente (FME) en 2009. Je me disais : Voilà, on commence enfin à entendre parler de lui!.