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Kama La Mackerel puise dans le passé pour imaginer de meilleurs lendemains
Métro
Kama La Mackerel s’inspire du passé précolonial et des rituels ancestraux pour repenser notre connexion au présent et à l’avenir. L’artiste trilingue d’origine mauricienne qui vit à Montréal se définit et brille par sa multiplicité. Performance, écriture, traduction, médiation culturelle: son agenda automnal en est une belle démonstration.
Après avoir pris part tout récemment à Momenta Biennale de l’image, Kama présentera une performance au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) en fin de semaine dans le cadre d’une autre biennale d’art contemporain, Af-flux, qui met en valeur les talents d’artistes afrodescendants.
Pour l’occasion, iel présentera la performance Le morne: sekinn ekrir pa efase, ce qui signifie en kréol mauricien: ce qui est écrit ne peut pas être effacé. L’événement vise à honorer la mémoire d’esclaves morts dans des circonstances tragiques.
Le Morne Brabant est une montagne dans le sud-ouest de l’Île Maurice où les esclaves, surnommés «les marrons», se réfugiaient après s’être sauvés. En 1835, après l’abolition de l’esclavage, une délégation de soldats britanniques y a été envoyée pour leur annoncer qu’ils étaient libres. Croyant qu’on allait les capturer, les fugitifs sont montés au sommet et ont commis l’irréparable. «Ils ont sauté jusqu’à leur mort plutôt que de redevenir esclaves», commente l’artiste.
Cette histoire, Kama La Mackerel la porte en iel depuis l’enfance. «Je me sens hanté.e par cette montagne, raconte l’artiste. Je m’intéresse beaucoup aux personnes qui ont disparu sans laisser de trace ou de récit.»
On parle de performance, mais Kama La Mackerel décrit surtout cet événement comme un rituel. «Oui, il y aura du chant, de la poésie et des mouvements, mais c’est avant tout une expérience, qui sera probablement pénible, inconfortable, douce, guérisseuse…»
L’artiste compare Le morne: sekinn ekrir pa efase à une messe, mais sans connotation religieuse. «Je pense qu’on est à un point où, humainement, socialement et politiquement, il nous faut un retour à la spiritualité», croit-iel.