Journée contre l’homophobie et la transphobie : l’heure est à la réflexion en Atlantique
Radio-Canada
Cela fait 20 ans qu’on souligne, le 17 mai, la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Alors que la communauté LGBTQ+ en Atlantique célèbre ses acquis, le climat social demeure, pour elle, inquiétant et l’heure est à la réflexion.
On voit des grandes percées de libertés humaines dans d’autres pays, [mais] en Amérique du Nord, avec ce qui se passe aux États-Unis et avec ce qui se passe avec les extrémistes de droite, on est dans un petit recul, estime le codirecteur du Pôle de recherche interdisciplinaire sur les diversités et l’équité (PRIDE), Roger LeBlanc.
Nul besoin de se rendre aux États-Unis pour être témoin d'exemples concrets où la communauté LGBTQ+ de l’Atlantique est confrontée à de la haine et de la discrimination ou doit se battre pour faire valoir ses droits.
Le week-end dernier, une manifestation a eu lieu devant l'Assemblée législative à Fredericton contre la révision de la politique 713 dans les écoles sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle. Au début mai, trois jeunes ont été accusés de méfait pour avoir brûlé un drapeau de la Fierté en Nouvelle-Écosse. À l'Île-du-Prince-Édouard, un spectacle de drag queen pour enfants a été reporté en février après une vague de haine. Des drag queens avaient aussi été ciblées par des menaces de mort lors d’un spectacle à Moncton en août 2022.
Ça fait extrêmement peur. Je pense souvent que le monde ne le réalise pas, mais ce n'est pas juste aux États-Unis que ça se passe, c’est ici, lance la directrice de Fierté Dieppe, Audrey Gionet. Dans notre vie quotidienne, de jour en jour, on a à vivre de la transphobie.
Un récent sondage de la Fondation Émergence révèle d’ailleurs que 55 % des répondants affirment qu’on parle beaucoup trop de diversité sexuelle et de genre en Atlantique.
Je pense que ça démontre justement une [méconnaissance] de nos enjeux, de ce qu’on vit au quotidien, avance Audrey Gionet. C’est surprenant le nombre de personnes que je peux rencontrer et que je suis la première personne trans qu’ils rencontrent [...] C’est méconnu de beaucoup de monde.
Audrey Gionet a jadis déménagé dans une grande métropole québécoise où elle a vécu 10 ans. Mais ce n’était pas chez moi, ce n’était pas l'Acadie. Mon monde me manquait, dit-elle. Elle est maintenant de retour dans son Nouveau-Brunswick natal.
Audrey Gionet avance que bien des membres de la communauté LGBTQ+ sont aussi revenus vivre dans la région pendant la pandémie. La levée des mesures sanitaires en 2022 leur aurait toutefois fait remarquer des différences entre la vie en métropole et en milieu rural.