
Jouer Sally Bowles dans Cabaret
Radio-Canada
Le personnage principal de la comédie musicale Cabaret est une femme flamboyante, excessive et révoltée, c'est-à-dire un personnage formidable aux yeux de Sarah Villeneuve-Desjardins. Elle incarne Sally Bowles sur la scène du Trident jusqu’au 8 octobre.
Elle a étudié en chant classique au Cégep avant de terminer des études au Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2015. Et elle se promet de profiter au maximum de ce grand rôle, d’autant plus que la pièce sera enfin présentée après deux reports en raison de la pandémie.
Sarah Villeneuve-Desjardins : Elle rencontre le protagoniste Cliff Bradshaw qui est un écrivain américain. Il arrive en Allemagne pour écrire son livre et pour vivre sa sexualité et ses expériences de vie, disons, partir loin de chez lui pour vivre comme il l’entend.
Il tombe sur Sally qui travaille au Kit Kat Klub. C’est une femme complètement éclatée, avec des sautes d’humeur. Elle peut paraître assez superficielle, assez axée vers le plaisir uniquement, mais il y a une révolte qui est sous-jacente à ça. Elle est fondamentalement rebelle. C’est à travers l’aventure de ces deux personnages-là, Cliff et Sally, qu’on suit toute la trame politique qui sous-tend la pièce et qui s’en va jusqu’à l’aube du nazisme.
S.V.-D. : Tout à fait. Et, ça, c’est particulier à Cabaret parce que c’est une comédie musicale qui a une trame narrative super riche. On n’est pas dans quelque chose de clinquant. Je veux dire que l'histoire est fondamentale. Là, je rapporte les mots du metteur en scène Bertrand Alain : C’est monté comme une pièce de théâtre dans laquelle on chante plutôt que comme une comédie musicale dans laquelle on joue.
S.V.-D. : Avec Harold Rhéaume, le chorégraphe de la compagnie Le fils d’Adrien danse. C’est un pur bonheur de travailler avec lui. On le connaît depuis l’école. Pour ma part, il m’a initié aux mouvements. Il part toujours de gestuelles qui nous habitent. Il a une façon très organique, très humaine de travailler, autant dans sa personnalité que dans ce qu’il imagine comme mouvements.
S.V.-D. : Au début, c’est sûr que c’est très sexy. C’est là où tout est permis, où on peut être qui on est réellement. Je dirais que c’est très queer comme endroit, totalement décomplexé et axé sur le plaisir.
La deuxième partie est costaude. Il y a d’ailleurs une scène de déchirement où le personnage de Ernst affronte Cliff, et c’est là qu’on sent tout le déchirement et la fin de cette époque de liberté. Ça finit vraiment mal. Cabaret, c’est sombre. Mais il y a toute cette gaieté, cette joie qui fait la balance. C’est très drôle par moment! Mais ce n’est absolument pas une fin heureuse.
S.V.-D. : Je l’ai vu, c’est certain! C’est une comédienne mythique. Là où je me rattache à elle, c’est que ce personnage-là, on ne peut pas l’aborder différemment qu’en une excessive. Elle est explosive. Et j’ai été curieuse de voir les productions américaines plus récentes. Notamment Emma Stone qui l’a défendue. Certainement que ces femmes-là de grand talent m'ont inspirée. Absolument. Mais je pense que c’est un piège de se comparer. Il faut vraiment y aller avec ses tripes.