Jason Kenney : peu de regrets et un appel à la raison
Radio-Canada
Le mandat houleux du premier ministre conservateur albertain se termine après deux ans de déchirements internes à propos des mesures sanitaires. Avant de tirer sa révérence, Jason Kenney exprime quelques regrets, mais offre surtout ses conseils aux leaders conservateurs du pays lors d’un entretien avec Radio-Canada, le seul accordé en français avant son départ.
C'est un Jason Kenney plutôt serein que nous rencontrons dans son bureau du centre-ville de Calgary. La douleur et la surprise du vote de confiance de mai dernier sont passées. L’homme de 54 ans semble avoir un poids de moins sur ses épaules.
J'ai un esprit de gratitude, après 25 ans dans la vie politique avec des responsabilités remarquables comme ministre [fédéral] de l’Immigration, de la Défense, premier ministre de l’Alberta, le meilleur boulot au Canada d’après moi! répond Jason Kenney quand on lui demande comment il se sent à la veille de son départ.
Le politicien d’expérience dit avoir peu de regrets quand il repense à toutes ses années dans la sphère publique. Avec le recul, Jason Kenney admet toutefois que la gestion de son caucus aurait pu être plus ferme durant la pandémie, alors que c’est de l’intérieur du Parti conservateur uni que sont venues les critiques les plus virulentes des mesures sanitaires.
Peut-être j'aurais dû être plutôt comme Stephen Harper, ou Doug Ford ou les autres premiers ministres. Parce que dans une crise il faut donner au public un sens de direction clair, cohérent et unifié et ça n'existait pas dans notre caucus et ça, je le regrette, admet-il.
La tendance plus libertarienne du conservatisme albertain lui a toutefois rendu la tâche plus difficile qu’à d’autres premiers ministres conservateurs, ajoute toutefois Jason Kenney.
La course à sa succession qui se termine doit, en principe, mettre fin aux divisions internes de la droite en Alberta. Sauf que la lutte a été acrimonieuse et rien n’indique qu’au lendemain du couronnement du nouveau chef la droite restera unifiée. Fondateur de l’union de la droite en Alberta en 2017, Jason Kenney reconnaît que le mariage entre anciens du Wildrose et du Parti progressiste-conservateur est plus fragile que jamais.
« Nous ne pouvons pas prendre pour acquis l’unité du mouvement, c’est une coalition diverse, c’est une coalition qui n’existait pas il y a quelques années. Le COVID a été une crise pour cette coalition. »
À la veille de son départ, le premier ministre albertain ne veut pas trop se mêler de la course à sa succession. Mais impossible pour lui de rester muet sur l’avenir du conservatisme au Canada.