Jack White à huis clos et à plein volume
Radio-Canada
À quand remonte votre dernier concert sans que vous et d’autres spectateurs ayez en main ou dans vos poches un téléphone intelligent pour appeler, texter, filmer ou prendre des photos?
Si vous avez environ 30 ans, vous n’avez peut-être jamais connu ça. Si vous en avez 40 ou 50, il y a fort à parier que ça remonte à la fin de votre adolescence ou dans votre vingtaine.
C’est ce que proposait Jack White, samedi soir, à la Place Bell, à Laval : un concert digne de la vieille école où personne ne pouvait déranger quiconque en lui bouchant la vue en tentant de prendre une photo ou un bout de vidéo. Il est comme ça, Jack. Il respecte les légendes du rock qui ont défriché la voie avant lui et, depuis quelques années, il pousse cette logique à revivre – en partie – ce temps révolu.
Cela dit, est-ce que ça embête à ce point la génération d’aujourd’hui ou ceux qui ne peuvent s’empêcher de consulter leur téléphone intelligent toutes les cinq minutes?
Disons que ç’a donné lieu à quelques moments cocasses et fiévreux à l’entrée de la Place Bell. Certains spectateurs ignoraient visiblement la consigne formelle imposée par White pour ses concerts. Il fallait voir leur tête quand ils ou elles ont glissé leur précieux objet dans des étuis. La peine lue sur leurs visages, je ne vous dis pas…
Il y a aussi eu quelques discussions animées. Le type qui me précédait à l’entrée avait un téléphone intelligent si gros que mon iPhone 6 avait l’air d’une Micra à côté d’un camion 18 roues. En fait, il était tellement gros qu’il ne rentrait pas dans l’étui sécurisé… Si j’ai bien vu, il a fallu retirer le téléphone de son enveloppe protectrice, le glisser dans l’étui sécurisé, et le spectateur a dû garder son protecteur vide dans ses poches. Nous sommes passés près du drame, là.
Le but d’empêcher l’accès aux appareils pour les spectateurs, c’est de les inciter à se concentrer sur le concert. Le risque, c’est que le monde décroche si c’est moche. Jack White a fait un choix inspiré en proposant à July Talk de faire la première partie. Le groupe torontois – avec Peter Dreimanis et Leah Fay – qui nous avait offert un instant de grâce l’an dernier aux retrouvailles d’Osheaga, a profité de l’occasion pour donner sa pleine mesure pendant 50 minutes.
Lui : intense, hyperactif et presque déjanté. Elle : sensuelle, envoûtante et déchaînée. Ils font la paire, ces deux-là. Je n’ai songé à rien d’autre durant l’écoute de la pimpante Picturing Love, de la déchirante Pay For It, de la récente I Am Water et des brûlots rythmiques mâtinés de guitares que sont Beck + Call et Push + Pull.
L’auteur-compositeur-interprète de Detroit a suivi moins d’une demi-heure plus tard dans le même état d’esprit, quoique dans un jeu de lumières et une production scénique axée sur une autre couleur que celle de son nom de famille.