
J’ai connu Seyoum, le journaliste érythréen en prison depuis 20 ans
Radio-Canada
Il y a 20 ans, l’Érythrée, petit État de la Corne de l’Afrique, mettait au pas la presse libre et emprisonnait une douzaine de journalistes. Cet événement a particulièrement marqué la journaliste Brigitte Lévesque qui a connu personnellement un de ces prisonniers.
Un récit de Brigitte Lévesque
Il s’appelle Seyoum Tsehaye. Il avait 46 ans lorsque je l’ai connu au début de 1998 à Asmara, la capitale de l’Érythrée. J’y étais allée pour faire un reportage sur ce pays de 3,5 millions d’habitants devenu officiellement indépendant de l’Éthiopie en 1993 après 30 ans de guerre civile.
J’avais côtoyé Seyoum pendant près de trois semaines. Il était mon guide, mon interprète sur le terrain. Une aide précieuse. C’était un vétéran de la guerre d’indépendance. Il l’avait filmée, documentée. Un vrai patriote, un amoureux de son pays.
Cet Érythréen était aussi un homme généreux aux valeurs démocratiques pour qui la liberté d’expression était importante. Il se décrivait d’ailleurs comme un vidéojournaliste indépendant, alors qu’il avait dirigé la télé nationale auparavant, ce que je ne savais pas à ce moment-là.
Ce dont je me souviens très bien, c’est que l’on pouvait se promener très librement dans les rues d’Asmara, ancienne colonie italienne, sans peur et sans crainte. Les Érythréens que je croisais n’avaient d’ailleurs que de bons mots pour leur président Issaias Afeworki, héros de la révolution, qui les avaient libérés de l’ennemi, l’Éthiopie.
Il y avait beaucoup de vie dans ce pays et, malgré la pauvreté, les gens sont contents, disait Seyoum Tsehaye.