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Isolement sanitaire: pas de douches pendant 11 jours pour des prisonniers
TVA Nouvelles
Taille exiguë des cellules, suspension des douches, annulation des sorties extérieures, absence de contacts humains, vêtements souillés, le ministère de la Sécurité publique a porté «un dur coup» à la santé mentale des prisonniers pendant la pandémie.
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«Il y a eu une augmentation de 70% du nombre de plaintes liées aux conditions de détention et d’hygiène. Ces plaintes ont été formulées principalement par des personnes qui avaient terminé leur quarantaine. D’autres l’ont été par des proches, car ils n’avaient plus de nouvelles, et le personnel correctionnel ne donnait aucune information», déplore la protectrice du citoyen Marie Rinfret dans son rapport annuel dévoilé jeudi.
Au début de la pandémie, le ministère de la Sécurité publique a instauré une mise en isolement pour toute personne nouvellement admise dans une prison, qu’elle provienne de l’extérieur, d’un autre établissement de détention ou d’un hôpital, pour limiter la propagation de la COVID-19.
«Des personnes ont porté les mêmes vêtements pendant 11 jours, sans accès à la douche ni aux vêtements de rechange normalement distribués», écrit Mme Rinfret. Dans les faits, on a suspendu le droit à au moins une heure de sortie extérieure par jour et une douche au moins deux fois par semaine, ainsi que les communications téléphoniques, les visites et l’accès aux aires de vie pour les personnes en quarantaine.
Son équipe a visité des centres de détention et a pu «constater la détresse psychologique que vivent les personnes incarcérées en raison de l’isolement et de l’aspect inconnu que représentait la pandémie», ainsi qu'«un niveau élevé de tension à l’intérieur des établissements».
La protectrice ne prend pas la situation à la légère. Elle souligne que l’Organisation mondiale de la santé recommande le dépistage des personnes incarcérées nouvellement admises plutôt que la mise en quarantaine pendant 14 jours. «Un isolement médical inutile a des effets négatifs sur la santé mentale», dit l’OMS.
Elle cite également le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, qui affirme «qu’en cas d’isolement ou de mise en quarantaine d’une personne détenue infectée ou suspectée d’être infectée par le virus du SRAS-CoV-2, la personne concernée devrait pouvoir avoir des contacts humains significatifs tous les jours».
Malgré l’avis de l’OMS, la mise en quarantaine de 14 jours demeure obligatoire pour les personnes incarcérées nouvellement admises, qu’elles soient symptomatiques ou non, déplore la protectrice. Les personnes mises en quarantaine ou en isolement médical «ont notamment eu accès à des téléphones cellulaires, aux cours extérieures des établissements, aux douches et aux visites virtuelles», mais «l’accès aux aires communes leur est interdit tandis que l’accès aux douches et aux cours extérieures reste problématique, principalement en raison du partage obligé d’aires communes lors des déplacements».